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jeudi 6 septembre 2018

Un amour spécial

 
"Dis, Maman, qui tu aimes le plus ? Papa ou moi ?"

Il y a un an, ou un an et demi, j'avais souvent droit à cette question de la part de mes enfants. Ce n'est pas une question facile (!!), mais je n'ai jamais hésité quant à la réponse à apporter. Elle a toujours été en moi, cette réponse, claire comme de l'eau de roche, depuis ma propre enfance, je crois.

"J'aime chacun d'entre vous d'un amour très spécial, comme j'aime aussi mes frères et ma mère d'un amour très spécial. Quand on aime des gens de cet amour-là, je ne crois pas qu'on puisse dire qu'on aime plus ou moins

Mais ce que je peux te dire, c'est : mon amour pour ton Papa est spécial d'entre les spéciaux. Je n'ai peut-être pas choisi ma mère, mes frères ou vous, mes enfants, mais ton Papa, je l'ai choisi. C'est de notre amour que vous êtes nés. Sans lui, je ne connaitrais pas l'amour immense que je vous porte. 

Quand vous serez grands, vous déménagerez pour aller vivre dans votre propre maison. Mais Papa et moi, nous aimerions vivre ensemble toute notre vie. Il était là, avec moi dans ma vie, avant vous. Et j'espère qu'il sera toujours à mes côtés quand vous serez adultes, c'est mon vœu le plus cher !

Quand je pense à mon amour pour toi, mon enfant, je pense aussi à ton Papa. Tu es comme un fruit, le fruit de ma rencontre avec mon Homme. Ton père compte tellement pour moi, parce ce que tu l'as choisi comme père, pour naitre en moi. Et je suis si heureuse que tu sois né(e) !"


Certainement, un jour, j'expliquerai à mes enfants que l'amour maternel est un amour à quatre temps. Que c'est à lien à établir, puis à maintenir, puis à relâcher et à transmettre. Bien sûr, à leur naissance, j'ai eu cette impression de fusion quasi-amoureuse avec mes nouveaux-nés. C'est un leurre nécessaire je crois, pour que le tout-petit reconstruise son sentiment de sécurité - et moi le mien, certainement - après la "séparation" de l'accouchement. Et puis, doucement, l'enfant grandit ; je comprends que cette illusion en est une. Et que c'est une bonne nouvelle. 😊

Parler à/de mon enfant comme s'il était mon amoureux est un contre-sens pédagogique. Mon objectif en tant qu'éducatrice est de l'aider à se développer, et à devenir à son tour un homme ou une femme. Pour cela, je dois vivre ma vie d'adulte, ma vie de femme ... en essayant de lui montrer, par l'exemple, à quel point cela peut être chouette !! 😄


"Dis, Maman, qui tu aimes le plus ? Papa ou moi ?"

Il y a un an, ou un an et demi, j'avais souvent droit à cette question. Mes enfants ne me la posent plus du tout aujourd'hui ... Est-ce parce que la réponse que je leur ai faite alors les a satisfait ? Je me plais à le croire ... 😉

25 commentaires:

  1. Et bien moi, je veux bien que tu m'expliques l'amour maternel à quatre temps. Ma fille est une ado et je crois que je suis en plein entre maintenir et relâcher. L'amour ça entraîne de la souffrance aussi, tu ne trouves pas ? Tu en parles comme quelque chose d'idyllique et de facile alors que rien que dans le couple, ça n'a rien d'évident et de linéaire. Mais ton article est très beau mais pour une fois, il me donne envie de réagir ;) Bravo pour tout ce que tu insuffles. Flo

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  2. Qu'est-ce qui t'empêche de relâcher avec ta fille ado ?
    :-)

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    1. Aucune idée ! Comment faire ? relâcher ça m'amène de la tristesse et me fait penser à une forme d'abandon mais je n'ai sûrement pas le bon cheminement...

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    2. Que l'amour engendre de la souffrance, c'est vrai, mais ce n'était pas vraiment le sujet de cet article .... :-) Une prochaine fois peut-être ! :-)
      Je n'ai pas l'impression d'en parler comme quelque chose d'idyllique (d'ailleurs je ne le vis pas comme quelque chose d'idyllique), quel passage te fait dire cela ?

      Concernant ta fille, as-tu essayé de faire des lectures sur le sujet ? "La cause des adolescents", "Il n'y a pas de parents parfaits" et bien d'autres donnent de vraies pistes, ça peut peut-être aider ?

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  3. C'est exactement ce que je ressens, mais je n'avais pas les mots pou le dire. Un immense merci ! ! !

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  4. Ah ... les enfants et leurs questions ... <3

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  5. Très belle réponse ❤️

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  6. C'est une très belle et sage réflexion, à la fois sur le couple et l'amour maternel. Merci de l'avoir partagée, je le trouve vraiment enrichissante. Ça rejoint mes réflexions du matin qui tournaient autour de l'exemple de vie comme inspiration pour nos enfants et nos proches. Et cette histoire d'amour à quatre-temps, je trouve que c'est un bel objectif: se dire que finalement, au-delà de la vie, ce qu'on transmet c'est peut-être avant tout de savoir aimer :-)
    Dis Elsa, je sais que tu apprécies et vis selon des principes du bouddhisme: est-ce que tu saurais en parler une fois de comment cela a pu intégrer ta vie et comment les vis/appliques-tu au quotidien en tant que maman/épouse? et comment les partages-tu avec tes enfants/époux? Je suis curieuse mais peut-être est-ce trop personnel comme demande.

    Belle journée !

    Emilie

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    1. Bonjour Emilie !

      J'ai bien pris note de tes questions ! J'y répondrai peut-être dans un article ! ;-)

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  7. Très bel article qui me fait réfléchir.
    Je n'aurais pas eu la même réponse que toi : "mon enfant, quoi que tu fasse, quoi que tu devienne je t'aimerais toujours ; avec ton papa, nous nous aimons, nous avançons ensemble mais l'amour entre adulte peut s'émousser"
    Ta phrase "Ton père compte tellement pour moi, parce ce que tu l'as choisi comme père, pour naitre en moi." résonne en moi, à méditer :)

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    1. Bonjour, Laetitia !
      Oui, il est normal que chacun ait une réponse "personnalisée", ce sont des questions si intimes !
      Pour moi, je trouve capital de parler comme tu le dis à un enfant qui vit effectivement la séparation de ses parents : pour qu'il sache que la fin de l'amour entre ses parents ne signifie pas la fin de l'amour qu'on lui porte, à lui.
      Mais si tout roule dans le couple, je craindrai d'induire de l'angoisse. L'amour que ses parents se portent mutuellement, quand le couple est épanoui, c'est vraiment un facteur d'équilibre pour l'enfant. C'est une base solide sur laquelle il peut s'appuyer - il sait qu'il peut compter sur cet amour-là, entre ses deux parents, pour grandir, lui, et petit à petit s'émanciper. Mon homme et moi n'avons aucune intention de nous séparer, nous voulons tout mettre en œuvre pour que notre relation dure jusqu'au bout. Dire à mes enfants que l'amour de leurs parents peut s'émousser, je trouverai ça bizarre et angoissant pour eux, d'autant que ça ne correspond pas à notre réalité.
      Mais encore une fois, chaque famille est différente ! :-)

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  8. Belle réflexion !

    ça me fait penser à mon fils de 3-ans
    - Maman, je suis marié avec vous !
    - Ah non, je suis mariée avec ton Papa, je t'aime très fort mais comme mon petit garçon
    - Bon... on fait semblant alors ?

    (bien tenté ;-) )

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  9. Je suis amoureuse de mon mari, je l'aime et j'espère que nous saurons toujours tout mettre en oeuvre pour que nous puissions jour après jour, années après années continuer à vivre ensemble forts de cet amour mutuel.
    Mais je me suis déjà dit que - aujourd'hui(ça changera peut être qd ils vont grandir?) - je serai capable de quitter mon mari si je devais protéger mes enfants. Si je devais faire un choix, ce serait eux et pas lui. Je me ressens très maman louve sur ce coup là...

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    1. Bonjour Clo !
      C'est drôle, je n'ai jamais eu cette pensée ... Je crois que j'ai "choisi" le Papa de mes enfants justement pour qu'il soit un Papa présent, protecteur (l'inverse du père que j'ai eu, quoi !! :-D ) et que je n'aie pas à avoir ce type de pensée ... Ce serait trop douloureux pour moi ! :-D

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  10. ��Cette réponse si belle, si construite. Tu t'y attendais ? Tu y as répondu tout de suite de cette belle façon ? Je te remercie pour ton partage si généreux.

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    1. Euh, ben c'est-à-dire que j'ai dû avoir droit à cette question une dizaine de fois, donc j'ai eu le temps de polir ma réponse ... :-D Mais la teneur de cette réponse a été celle-là dès le début. Elle était en moi depuis le début, bien avant la naissance de mes enfants. :-)

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  11. Oups, ça m’arrive parfois de dire à mon garçon de 3 ans que c’est mon « amoureux »... :-/

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  12. Quand j’etais enfant, ma mère me délaissait beaucoup. Un jour, quand j’avais environ 8 ou 9 ans, je lui ai demandé qui elle choisirait, si elle le devait, entre moi et son compagnon de l’époque. Elle m’a répondu très calmement qu’elle choisirait son compagnon, parce qu’un jour je partirais, tandis que lui resterait. Je me souviens encore de l’énorme déception et de la tristesse que j’ai ressenties ce jour-là. Je me suis toujours promis de ne jamais donner ce type de réponse à mes enfants. Bien sûr, ta réponse est bien différente de celle de ma mère, aussi bien dans le fond que la forme, et la question de base n’est pas la même non plus. C’est juste qu’en te lisant, je m’en suis souvenue.

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    1. Bonjour Anonyme !
      Merci pour votre témoignage, c'est assez douloureux, comme anecdote ... :-(
      Attention : un enfant n'est pas autonome, il est vulnérable. La mission des adultes qui en ont la charge est de lui garantir sa sécurité. On ne peut pas abandonner son enfant, car il ne peut pas survivre seul, tout simplement. Notre conjoint, lui s'en sortirait très bien. :-)
      C'est donc une question différente : si je devais "abandonner" un membre de ma famille, ce ne pourrait être mes enfants, puisqu'ils sont enfants, justement ! J'ai la responsabilité de les mener à l'âge adulte, à l'autonomie.
      Donc s'il fallait "choisir", ce serait eux. En fait ce n'est même pas de l'ordre du "choix" mais de la nécessité. :-)

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  13. C est une très belle réponse, très émouvante... Merci pour ce partage

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  14. Cette réponse est tellement belle. J’adhère pleinement !!

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  15. Oula très difficile comme question ça ! Mais ta réponse est très belle.

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