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mercredi 25 avril 2018

Le jeu du Soleil Montessori ( + Printables)


C'est quelque chose qui m'a souvent frappée chez Maria Montessori : elle préconise en général de donner à l'enfant un aperçu global d'une science donnée, et de se concentrer ensuite, pas à pas, sur les détails, à mesure que l'enfant s'y intéresse. C'est le cas par exemple en géographie, où l'on part du planisphère pour aller vers le continent, le pays, puis la région. C'est le cas aussi en Sciences, et en particulier, en Sciences de la Vie.

La vision que nous avons des Sciences (et de la Vie) a beaucoup évolué depuis le début du XXe siècle. Il n'en reste pas moins que le monde de Maria Montessori et le nôtre se ressemblent -  équilibristes de l'impossible. Le monde de Montessori est suspendu au-dessus des horreurs que ses contemporains anticipèrent fort bien. Quant au nôtre ... Hum, enfin, vous connaissez le tableau.

Nos mondes se tiennent tous les deux à quelques coudées du cataclysme. Or, au bord du gouffre, la beauté du Monde apparait clairement, non comme une antidote, hélas ! mais comme la seule Vérité qui nous dépasse, et qui nous survivra

Tout ça pour dire que certains passages de Maria Montessori sur le mystère de la vie et de la Nature peuvent sembler un tantinet mystique au lecteur d'aujourd'hui, et passablement désuets. Mais ce sera qu'à mon sens, ils n'ont pas été compris. Car ils sont au contraire, brûlants d'actualité !

Commencer par donner un aperçu global, donc. Afin de permettre à l'enfant de percevoir, à son humble niveau d'Hominidé, le miracle de la beauté du monde.

En biologie, c'est ce que propose le Jeu du Soleil. 🌞


Il s'agit d'une première approche des chaînes alimentaires. C'est simple, ludique, esthétique, et ça amorcera bien des discussions passionnantes entre vous et vos enfants.

Matériel :

1. Un Soleil (en bois, en tissu, en papier ...). Le nôtre provient de notre calendrier lunaire, mais si nous n'avez rien d'équivalent sous la main, vous pouvez le dessiner vous-même ou en imprimer un très joli ICI.

2. Un jeu de cartes, comprenant des images de végétaux variés (les producteurs), d'herbivores (ou consommateurs primaires), de carnivores primaires (consommateurs secondaires, qui se nourrissent d'herbivores) et de carnivores secondaires (consommateurs tertiaires, qui se nourrissent de carnivores). 


À vous d'adapter le vocabulaire présenté à votre enfant en fonction de votre feeling : ici, j'ai fait le choix basique de m'appuyer sur ce que les enfants connaissaient déjà : végétaux, herbivores, carnivores, omnivores. Mon objectif était surtout que Louiselle façonne une première image des chaines alimentaires, et qu'Antonin affine la sienne - en particulier le fait qu'elles commencent toute par un végétal (ou du moins un organisme autotrophe, mais passons).

Quelques précisions concernant ces cartes :

- Notre soleil en bois dispose de 8 branches : j'ai donc fait figurer 8 photos de végétaux variés, à mettre en correspondance avec chacun des rayons. On peut tout à fait en proposer plus (ou moins). Dans la foulée, j'ai conçu 8 cartes d'herbivores et 8 de carnivores/omnivores.

- J'ai souhaité économiser l'encre couleur de mon imprimante et ai conçu mes cartes à partir de dessins (en noir et blanc, donc). Que les enfants ont été ravis de colorier une fois l'activité terminée. 😊

- J'ai fait le choix de ne pas faire figurer de code couleur sur les cartes selon le maillon de la chaine alimentaire auquel appartient l'organisme. Les enfants cherchaient eux-mêmes les catégories auxquelles appartenait chaque être vivant (je vous explique tout ça plus bas).

- Pour la même raison, je n'ai pas proposé de "corrigé" : plusieurs agencements sont possibles ici sans qu'il n'y ait de bonne réponse : le merle peut être placé comme un consommateur primaire (il mange des fruits) ou secondaire voire tertiaire (il mange des insectes).


Déroulé de l'activité : 

On commence cette activité en posant une représentation du soleil au centre d'une table ou d'un tapis et en sollicitant l'enfant : Qu'est-ce que c'est ? Comment cela s'appelle ?  Que se passerait-il s'il n'y avait pas de Soleil ? En quoi le soleil est-il important ? On laisse la discussion aller là où elle doit aller, on accepte toutes les réponses (vous découvrirez, grâce à votre enfant, que le soleil "sert" à bien des choses ...) jusqu'à rebondir sur celle qui nous intéresse : sans soleil, pas de lumière, pas de chaleur. Pas de plantes.


On demande aux enfants de trier les cartes représentant des végétaux et de les placer autour du soleil.


Ils cherchent ensuite parmi les cartes celles des animaux qui se nourrissent de ces plantes. Ici, Louiselle s'est chargé du gros du travail (Antonin sait s'effacer quand c'est un peu facile pour lui) et a étalé la deuxième série de cartes en rayonnant autour du premier cercle. 


Nous avons procédé de même pour le troisième, voire quatrième niveau de cette pyramide écologique : qui mange le campagnol ? Et le merle ? Qui se nourrit de larves ? L'adulte reformule toutes les chaines mis au jour par l'enfant, et n'oublie pas d'employer aussi la voie passive : la larve est mangée par la libellule. La salade est mangée par l'escargot, qui est mangé par le hérisson et le merle.


A la fin, on décide de trier tout ce petit monde par catégories : Louiselle se charge de dessiner un point au feutre vert au dos de toutes les cartes "végétaux",  puis Antonin trace un rond bleu au revers des "herbivores", et puis ... Et puis le doute s'immisce, souvent, pour déterminer si un animal est carnivore ou omnivore ... Alors, le Damoiseau fait des recherches ... 😉


C'est ainsi qu'ici, le code couleur n'est pas donné d'avance, mais déterminé par les enfants. Et aucun "contrôle de l'erreur" n'est proposé, puisqu'ils pourront, la prochaine fois, agencer ces cartes autrement ...  dans le respect des régimes alimentaires de chacun, bien entendu !!

J'espère que vous aimerez ce jeu autant que nous ! 😊

samedi 21 avril 2018

Fétiches de jardin { Inspiration Isabelle Simon }


Avez-vous déjà eu l'impression qu'un auteur écrit juste pour vous ? Que son œuvre s'inscrit parfaitement dans votre vie, et lui apporte ce petit "quelque chose" sans quoi elle serait moins belle ?

 

J'ai cette impression avec Isabelle Simon. Son travail est une ode aux saisons et une invitation à la créativité. Je l'avais découvert un peu par hasard, il y a bien longtemps, avant la naissance de mes enfants, à travers son petit album Dans l'ogre. Tout petits bébés, Antonin et Louiselle avait adhéré très fortement à cet ouvrage adapté à leurs menottes : quelle jouissance de voir cet ogre, gros balourd aux joues de papier mâché, rapetisser et rétrécir au fil des pages, jusqu'à n'être plus ... qu'un bébé, comme eux ! L'album peut aussi se lire à l'envers (hi, hi, vous voyez la métaphore ? Le bébé se fait ogre lorsqu'il hurle son appétit ... d'ogre, bien sûr !), le texte est d'une musicalité parfaite, très rythmé aux jeunes oreilles, et le tout est une magnifique introduction aux activités de tri de grandeurs (qui l'eût cru ?). 😊


Bref, entre Isabelle Simon et nous, le coup de cœur avait été immédiat et foudroyant (du moins, de nous pour elle, car quant à elle, elle n'a bien sûr jamais entendu parler de nous ! 😄), et je n'ai jamais compris pourquoi elle était si mal représentée dans les librairies et les bibliothèques, alors qu'il s'agit d'une auteure jeunesse absolument majeure !!


C'est d'ailleurs lassée de chercher à l'emprunter que je me suis décidée à l'acheter. Je précise que je n'achète quasiment plus de livres, pour quoi faire ? Je peux faire venir tout ce que souhaite à la maison via mon réseau de bibliothèques. D'ailleurs, il est super, mon réseau de bibliothèques. Et géré par de super bibliothécaires. À qui j'ai d'ailleurs témoigné ma sympathie le mois dernier en les enguirlandant comme seuls savent le faire les vrais bons amis : "Comment ça ? Pas d'Isabelle Simon dans tout le réseau ??? Mais c'est un scandaaaaaale !!!" Je crois qu'une partie du budget de l'année prochaine sera utilisé à réparer cette lacune. 😁


Bon, donc, j'ai mis la main à la popoche, et quitte à commander un livre (sur Internet, car en librairie non plus ... "Comment çaaaaa ?", etc.), j'en ai acheté trois. Si, si, c'est logique, je suis sûre que la plupart d'entre vous comprendrez très bien. 😇


Je me suis concentrée sur trois livres dans lesquels Isabelle Simon compose de petits personnages à partir d'éléments naturels amoureusement sélectionnés, qu'elle photographie ensuite et met en scène à travers de petits contes poétiques. So Reggio, n'est-il pas ? 

Il y a d'abord le mignon En route !, qui tient aisément dans la main d'un petit enfant. Lumineux et frais, il délivre un message ... euh ... hygiénique. C'est le mot qui me vient. 😊 C'est sain comme le vent clair que l'on fait rentrer dans la chambre un matin de printemps, vous voyez ? Ça a le goût de l'amitié et du voyage, du risque et de la chance de pouvoir recommencer sa vie.


Chez Isabelle Simon, les illustrations/photographies volent un peu la vedette, c'est si inspirant ! La mise en page soignée, comme celle de Petites déesses et petits dieux se fait mise en scène ... Isabelle Simon y parle à travers des voix d'enfants : ne vous y trompez pas, c'est bien elle qui a créé ces statuettes et qui délivre le message écologique de ce poème au goût de racines et d'héritage ...

Dans Grigris à treize plumes, les sculptures inspirent d'autres auteurs, et l'ouvrage devient un recueil de contes et de poèmes signés Elisabeth Brami, Rémi Courgeon ou Nadine Brun-Cosme ... Le tout est hautement littéraire, donc, et peut être offert à tout âge - les adultes se régalent ! Car Isabelle Simon est intemporelle. Et s'adresse aussi bien aux bébés qu'aux personnes âgées (j'ai testé les deux auditoires 👍).

Tous ces ouvrages font merveille sur notre table des saisons - à vrai dire, ils pourront être de sortie à TOUTES les saisons.


Hier, chez nous, nous avons fait une belle promenade. Durant laquelle Antonin et Louiselle ont ramassés tout un tas de petits trésors, comme ils aiment si bien le faire. Mais au lieu de les laisser s'amonceler dans un coin, nous avons sorti une belle boule de pâte à modeler et les enfants ont construit de petits fétiches. Ils ont travaillé longtemps - le Papa d'Antonin lui a proposé à un moment de venir jouer au football avec lui, et le Damoiseau a refusé, tout absorbé qu'il était. Antonin a refusé un foot ! Un foot avec son papa !! J'espère que vous mesurerez à quelle point la fabrication de ses fétiches l'absorbait pour qu'une chose aussi incroyable se produise ... 😊


Lorsque les petits esprits ont été achevés, les enfants sont allés les placer dans le jardin. Ils ont longuement cherché des endroits stratégiques, à côté de jeunes plantes ou de végétaux en souffrance (l'épisode de chaleur subite traumatise quelque peu le potager). Ils ont déplacé leurs fétiches à plusieurs reprises, en argumentant, discutant entre eux ... Enfin, ils ont passé un long moment (toute la soirée, en fait, et nous avons dû les interrompre pour qu'ils aille se coucher) à construire des cabanes pour leurs figurines, avec les branchages et des feuilles trouvés dans le jardin.

Ce matin, leur premier geste fut d'aller rendre visite à leurs œuvres et de voir si leur présence avait eu quelque effet bénéfique sur nos plantes.

Vous me croirez si vous voulez, mais : oui

À moins que ce soit la fraicheur de la rosée. 😊


Merci de veiller sur nos pousses, petits dieux du potager !🙏

jeudi 19 avril 2018

Bibliok'lipop : Trois beaux livres d'anatomie


La machine humaine est belle, elle est intelligente et dotée de ressources dignes d'un héros de Science-fiction. On le sait, on le sent, et on a à cœur de transmettre à nos enfant l'amour et le respect de leur propre organisme.  Mais grâce aux livres que nous avons exploré ces dernières semaines, on découvre aussi que l'anatomie est une science bourrée d'humour, de faits insolites et de records du monde à vous remplir un Guiness en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. 

Ces trois grands et beaux albums ont été découverts grâce à vos conseils avisés à vous, lectrices, et aussi à ceux de ma bibliothécaire préférée - merci à toutes ! Ils permettent de croiser les approches pour multiplier les entrées dans cette science à la fois intime et ô combien abstraite, car ils sont aussi différents les uns des autres qu'on peut l'être quand on traite d'un même sujet. Je me suis amusée à photographier, dans chacun d'entre eux, la page relative au squelette, histoire de voir comment chacun présentait la chose. Vous constaterez vous-même que les approches sont pour le moins ... diverses ! 😃


Le plus sensationnel : Anatomia, cartographie du corps humain, Sarah Tavernier, Alexandre Verhille, Jack Guichard, Milan, 2016.



"100 000 km de vaisseaux sanguins : c'est deux fois et demi le tour de la Terre !

5 litres de sang pompés en une minute.

Ticket de transport, valable à vie. Pour être valable, votre ticket doit être impérativement composté aux valvules tricuspide, pulmonaire, mitrale et aortique.

Les lignes aller : les artères. Au départ du cœur, les artères puis les artérioles conduisent le sang oxygéné vers les organes. Ces vaisseaux sont entourés d'une couche élastique, qui leur donne de la souplesse, et d'une couche musculaire, qui régule la circulation du sang en l'accélérant durant l'effort et en la ralentissant au repos.

150 millions d'artères et d'artérioles.

Les lignes retour : les veines. Le sang non oxygéné revient vers le cœur par les veines. Les petites veines qui sortent des organes se regroupent pour former deux gros vaisseaux qui ramènent le sang au cœur (...)."


Anatomia nous propose de visiter notre corps comme on le ferait d'une ville gigantesque. Chaque chapitre est une métaphore : notre cerveau, c'est la "Silicon Valley", notre système nerveux, un vaste réseau Internet, la vision, un studio de cinéma archi-perfectionné ... La mise en page relève de l'art : autant d'informations concentrée sur une double page !, et pourtant, c'est digeste, lisible, pédagogique. Les dessins, superbement soignés, sont très explicites. Les explications, quoique précises et détaillées, restent brèves et le ressort de l'ouvrage réside dans de petits "scoops" distillés comme autant de gros titres : "On perd 100 000 cellules nerveuses par jour",  "10 000 synapses par neurones !", "Les yeux renferment 70% des récepteurs sensoriels de notre corps !" ...

Il plaira aux petits passionnés de faits insolites, dès 7 ans et jusqu'à la fin du collège.


Le plus sérieux : Anatomie, Hélène Druvet, De la Martinière Jeunesse, 2016.



"L'appareil respiratoire.

L'oxygène est indispensable à la vie et nécessaire au fonctionnement de notre organisme. Ce sont les poumons qui nous permettent de respirer, c'est-à-dire de prendre l'oxygène dans l'air pour le redistribuer par le sang à nos différents organes. La respiration est un phénomène automatique : on inspire et on expire sans réfléchir, même quand on dort."


Bon, ici, point de chichi, point d'enrobage : les textes sont rédigé par un médecin - avec un grand souci pédagogique, bien sûr - et ne diffère pas, dans le corps, d'un bon manuel scolaire. Les illustrations sont somptueuses, de grands pop-up permettent de découvrir ce qu'il y a "à l'intérieur" et les dessins légendés abondent. Mention spéciale pour les premières pages, réalisées par découpe laser, qui permettent de superposer l'appareil digestif, le système circulatoire, l'appareil respiratoire, le système nerveux et le squelette. C'est impressionnant de finesse, mais je m'interroge. Il se trouve que ma bibliothèque vient d'acquérir cet ouvrage et que nous sommes ses premiers emprunteurs. Quelle chance, l'album est tout neuf, et je le répète : c'est une splendeur ! Hélas, je gage que dans quelques mois, après être passés dans plusieurs foyers, l'ouvrage ne soit plus aussi beau ... Tout cela semble bien fragile ... Je le réemprunterai dans quelques mois, histoire de voir comment il vieillit - et aussi pour le relire, hein ! Parce qu'il gagne vraiment à être fréquenté.

Ceci dit, dans un cadre domestique, cela devrait le faire, si on en use avec la précaution que méritent les œuvres d'art ... 😊

Fascinant dès 7/8 ans jusqu'à l'âge adulte, car mon homme et moi, nous avons appris beaucoup de choses !

Le plus mieux : "Comment fabriquer son grand frère, un livre d'anatomie et de bricolage", Anaïs Vaugelade, L'école des Loisirs, 2016.



"Aujourd'hui, Zuza se fabrique un grand frère.

Pas un petit bébé de rien du tout comme sa sœur Marianna qui ne marche qu'à quatre pattes et qui ne sait même pas jouer à la balle, non, un GRAND frère. Zuza sait exactement comment elle veut qu'il soit, et elle va commencer tout de suite.

Les jouets sont les assistants de Zuza. Le crocodile lui prêtera son Encyclopédie Crocodilis. C'est un livre très utile : chaque fois qu'on se pose une question, la réponse est dedans."


Vous me direz : "le plus mieux", ce n'est pas français. Oui, ben ça n'empêche. Le plus mieux, c'est le plus mieux. C'est comme ça. Parce que c'est ce livre-là que mes enfants réclament en boucle - et pas les autres. Car lorsque Zuza décide de fabriquer un être humain (et pas n'importe lequel, hein : un grand frère ! Oui !),  on est bien obligé de se passionner pour toutes les difficultés rencontrées : comment fabriquer des os (et d'abord, c'est quoi, un os ?), des articulations, des ligaments, des muscles (mais c'est quoi un muscle, déjà ?), des nerfs, des yeux, des oreilles, une bouche, une langue, de la peau ... Et j'en passe parce qu'il s'agit d'un long-long-long album, qui ne cède RIEN, mais RIEN, à l'exigence.

Alors, c'est un peu long à lire. Surtout que vous digresserez, vous prendrez votre temps. Vous vous retrouverez invariablement à faire le pitre au milieu de la page 14 (au hasard),  pour vérifier que oui, le visage est tapissé de muscles nombreux et entrecroisés, qui lui permettent de se plisser de 36 000 façons (au moins). À la page 17, vous prendrez un quart d'heure pour raconter des anecdotes de-quand-ils était-bébés à  vos enfants. C'est pour la bonne cause. Le stade buccal, par exemple, est une illustration merveilleuse des échanges entre les capteurs nerveux et le cerveau. 💓 Page 18 et 19, vous vous livrerez aux petites expériences sensorielles proposées par ce cher crocodile ... Bref, vous n'êtes pas couchés : l'album mesure 57 pages, et il est dense. Et si vous avez le malheur de réclamer une pause au beau milieu, vos enfants s'écriront : "NOOOOON ! ENCOOORE ! COOOONTINUUUE, S'IL TE PLAIIIIT!!"

Donc, voilà : c'est le plus mieux, et c'est dès 5 ans. Un auteur célèbre (mais là tout de suite, je ne sais plus qui) disait qu'il était bien plus difficile d'écrire pour les enfants que pour les adultes. C'est bien vrai, surtout peut-être lorsqu'on leur parle d'une sciences aussi pointue que l'anatomie, mais Anaïs Vaugelade le fait, elle, très bien. 😊
 Qu'en pensez-vous ? 😉
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Mes autres articles sur l'anatomie :

- Rudiments d'anatomie

- Anatomie (la suite)

mardi 17 avril 2018

Voyager avec des enfants : Gênes et la Toscane

Louiselle au Paradiso

J'avoue : je n'ai pas trop aimé voyager avec mes enfants lorsqu'ils étaient bébés. J'ai toujours eu l'impression que leurs besoins étaient niés dans les aléas du voyage - c'était généralement compliqué de leur permettre de dormir, de manger, de bouger ou de crier lorsqu'ils en avaient besoin. Et lorsqu'on s'appliquait pour tout organiser au mieux autour d'eux, les enfants, c'étaient nos propres désirs d'adultes qui n'étaient pas écoutés. Arf, se coucher à 20h, en même temps que les bébés, parce qu'on a bien sûr personne pour les garder en plein road trip, qu'on partage tous la même chambre d’hôtel et que notre lampe de chevet les gêne pour dormir ... 😶

Nous n'avons pas trop aimé voyager avec des bébés ... mais nous adorons le faire depuis quelques mois - à présent que nous enfants ne sont plus des bambins. Et une chose est sûre : c'est que nos galères de lorsqu'ils-étaient-tout-petits nous ont beaucoup appris.

Nous revenons tout juste d'un merveilleux voyage en Italie. À peine planifié, décidé 48 heures avant le départ, il s'est déroulé sans aucune anicroche. Toute la famille en a pleinement profité et cela m'a donné envie de partager avec vous nos petits tuyaux spécial "slow travelling" en famille. Est-ce que ça vous tente ? 😊

Jour 1 : Gênes


Le premier choix à faire est celui du moyen de transport. Nos enfants ayant 5 et 7 ans, ils commencent à bien vivre les longs trajets (pas plus de 8 heures, néanmoins, au delà cela tourne au supplice) qu'ils apprécient et durant lesquels ils savent s'occuper (livres, jouets, albums de décalcomanie ou d'autocollants, Smartgames etc.). Nous avons la chance d'habiter à 5 heures de route de Gênes (c'est autant que pour rendre visite à leur grand-mère la plus proche), donc il n'était pas question de prendre l'avion (pas écolo) ou le train (trop cher pour quatre). De plus, cela nous permettrait de disposer d'une voiture sur place sans avoir à louer, c'était donc la solution la plus avantageuse pour nous.


Ensuite se pose la question de la location. Nous passons généralement par le site Booking.com qui nous propose toujours des offres de dernière minute intéressante - les locations n'ayant pas trouvé acquéreur sont bradées. Nous réservons toujours un appartement. Avec deux chambres séparées, de façon à ce que les enfants puissent se coucher à leur heure (tôt) sans que les parents n'aient à sacrifier leur soirée. Et une cuisine, de manière à pouvoir limiter des pique-niques (pas équilibrés) et les restaurants (onéreux) et se poser autour de vrais dîners familiaux, au moins le soir.

Nous essayons toujours de bénéficier d'offres pour nos locations - qui coûtent ainsi à peine plus cher qu'une chambre d'hôtel classique pour quatre. L'économie réalisée par la possibilité de réaliser des repas dans notre cuisine comble l'écart de prix, me semble-t-il.

A Gênes, nous avons loué le Paradiso, situé au plein centre ville. C'est un vaste appartement de 90 m², situé dans un immeuble privatif extrêmement silencieux. Tout y était absolument parfait - bon, la baignoire à remous était un peu défraichie (mais nous avons adoré ses remous quand même !) et les produits de soins mis à disposition passablement chimiques (heureusement, on avait les nôtres). Je chipote, car c'était un appartement de grand standing 😁, une super adresse, vraiment. 

J'imagine que vos enfants sont ainsi aussi : à chaque fois que nous louons un lieu (gîte, chambre, appartement), Antonin et Louiselle sont fous de joie. Ils n'aiment rien tant que prendre possession des lieux, explorer, installer leurs effets personnels, et parfois il faut insister pour les persuader de ressortir ! 😁 Bon, en l'occurrence, après avoir fait le tour du propriétaire, nous sommes partis à la conquête de la ville.

Voyager, pour les enfants, c'est comme réaliser une chasse au trésor géante. Il est important de se fixer des grands défis qui structurent le voyage. Ici, nous en avions quatre et, pour le premier d'entre eux :

Objectif numéro 1 : Dénicher la maison de Christophe Colomb.


Bien sûr, pour trouver la maison, il faut parcourir la ville et faire tout un tas de découvertes adjacentes : l'arc de la Victoire et ses parterres, les salons de thé génois et leurs pâtisseries improbables ...

Nous veillons à ce que chaque jour comporte un défi d'un intérêt réel pour les enfants. En l'occurrence, Christophe Colomb est un personnage historique qu'ils connaissent et le fait de fixer son souvenir à cette ville ouverte sur la mer leur permet de tisser des liens entre leurs savoirs.


Et bien sûr, nous l'avons trouvée : la maison "de Christophe Colomb" nichée au bord de la vieille ville passablement abîmée par les guerres, et dont pas une seule pierre n'est d'origine. Colomb l'a-t-il seulement véritablement habitée ? Rien n'est moins sûr, mais la balade est belle. 😊

La maison, dite "de Christophe Colomb"

Ce sera tout pour ce premier jour : nous sommes déjà bien fatigués, et avons pour règle de ne pas "blinder" nos journées, afin de permettre à chacun de vivre les choses à son rythme. Les enfants ont eu loisir de courir après les pigeons et de marcher sur les mosaïques des trottoirs ("Papa, regarde : je ne marche que sur le jaune !"). C'est important aussi.


Retour à l'appartement, on dîne, et on couche les enfants. 😊

Jour 2 : Le port de Gênes et Lucques

Galeone Neptune

Le lendemain, on replie les bagages et les déposons tous à la voiture. C'est une chance : si l’hôtel doit être libéré pour 10 heures, nous pouvons laisser la voiture dans son emplacement jusqu'en début d'après-midi. Nous décidons de nous rendre sur le port en métro pour économiser les forces et l’enthousiasme des enfants.


Flânerie sur le port génois où il y a tant et tant à voir, puis direction la Cité des enfants.

"C'est par là !", dit le Bonhomme Bizarre.

La Cité des enfants, c'était notre objectif numéro 2. Et sans surprise, nous avons passé une matinée géniale. Car il y a tout ce qu'on aime, à la Cité des enfants : des expériences sur les énergies - motrice, solaire, éolienne, hydraulique ...


... une fourmilière géante, un élevage de phasmes et tout plein de cadavres d'insectes à observer ...


... un studio de télévision ...


... des jeux d'optique ...

Comment ma fille a-t-elle fait pour grimper sur cette chaise géante , vous le découvrirez en visitant la Cité des enfants ! 😄

... et de lumière. Et j'en passe !


Nous déjeunons rapidement dans une brasserie sur le port, retournons en métro à notre voiture, et reprenons la route.

Notre seconde location est à deux heures de route, à la campagne, dans les environs de Lucques : l'appatamento ai due Pioppi. C'est plus modeste qu'à Gênes, dans la mesure où les propriétaires ont simplement aménagé leur sous-sol en appartement. Du coup, on les entend vivre, comme si c'étaient des voisins du dessus. 😊 L'ensemble est néanmoins vaste et confortable, et l'absence de fenêtre côté Est est compensée par de grandes baies vitrées côté Ouest. Et surtout : les enfants bénéficient de l'accès à un grand jardin.

Appartamento ai due Pioppi

On s'installe rapidement, et on file visiter Lucques, véritable joyau de la Toscane. L'ambiance y est très agréable, les plupart des ruelles pavées sont piétonnes et les enfants peuvent se défouler à loisir (ils en ont bien besoin, et sont excités comme des puces !!). Les touristes ne sont pas légion (il faut dire qu'en France, seule la zone A est en vacances) et les habitants de  la ville nous sourient chaleureusement. Places splendides, palais et cours luxuriants, minuscules églises, tours et remparts ... Les adultes se régalent, et les enfants aussi (il faut dire qu'il viennent de déguster leur première glace italienne, ha ha, le choc !)

Lucques
On se ravitaille au supermarché du coin (de vraies courses, de quoi tenir jusqu'à la fin du séjour) et on rentre manger et dormir "chez nous".

Jour 3 : Pise


Nous resterons deux nuits à Lucques, et pendant deux jours, on rayonne. Et devinez quelle ville célèbre se trouve juste à 30 minutes ?


Objectif numéro 3 : voir la Tour penchée. Et si possible, monter dedans.

Pise, ce n'est pas qu'une tour. C'est, au cœur de la vieille ville, une immense place composée d'un ensemble de bâtiments prestigieux. De quoi se régaler rien qu'en levant le nez.
Nous apprenons que l'accès à la tour est interdit aux enfants de moins de 8 ans - pour des raisons de sécurité, m'explique-t-on. Nous sommes passablement déçu, mais sommes vite consolés en découvrant le prix de l'accès à la Tour penchée. 18 euros par personne - et non, ce n'est pas gratuit pour les enfants. Tout le monde paie le prix fort. Ce qui rend l'ascension inaccessible à la bourse d'une famille lambda. Tant pis. De toute façon il parait les scientifiques s'opposent à l'entrée du public dans la tour : ils disent que cela l'abîme. Et puis, à bien y réfléchir, ce doit être vraiment nul là-haut. Nul de nul. 😊 Il y a bien assez à contempler sur le plancher des vaches.

On visite la cathédrale Notre-Dame, c'est gratuit et c'est splendide. La matinée touche déjà à sa fin.


La Tour de Pise est un site doublement paradoxal. D'abord parce qu'en dépit du fait qu'elle soit  mondialement connue (peut-être même plus encore que le Colisée !), ce n'est pas un lieu trop (trop, trop) touristique. Ensuite parce qu'en dépit du fait que chacun ici présent est censé venir la voir, elle, la Tour Penchée, beaucoup sont en fait ici pour se contempler eux-mêmes. La Tour de Pise est, plus que tout autre monument de ma connaissance, le lieu du selfie. La plupart des touristes s'appliquent à prendre la-photo-qui-va-bien, et l'affaire faite, quittent rapidement le site qui est pourtant d'une richesse extraordinaire. Je crois que la majorité des gens oublient de regarder la tour.

Nous avons fait de la résistance : nous nous sommes installés à l'ombre d'une haie, chacun a sorti son carnet, et nous l'avons dessinée, cette merveille de marbre blanc. Pour cela, nous avons été obligés de bien la regarder : nous avons compté huit étages, et détaillé les visages rigolos et les animaux mythologiques sculptés en haut des colonnes ... Ça nous a tellement plu que nous avons décidé que nous dessinerions ainsi chacun des monuments emblématiques que nous visiterions dans le futur ... 😊


Pour manger à Pise, pas de demi-mesure. Soit vous mangez près de la place des Miracles, dans les restos pour touristes, qui ont certes tout pour plaire (sauf l'authenticité, bien sûr) : propres, spacieux, pas trop chers (quoiqu'un peu quand même), et cartes variées. Mais il y a du monde.

Soit vous vous éloignez, et vous choisissez un boui-boui. Le genre Bistro avec table de formica dans lesquels se côtoient touristes en quête de silence et gens du coin. Bien sûr, la carte n'est pas originale : point de poissons fins ni de vins rares. Mais les pizzas sont délicieuses, la bière est fraiche, le chef vient nous demander si tout va bien et prend le temps de s'asseoir à notre table pour faire un puzzle avec les enfants, on papote avec les voisines de table qui sont anglaises, et ça coûte trois fois rien.

Mais Pise, ce n'est pas qu'une ville. C'est une Province. Et à 10 km de la tour penchée,  il y a la mer. Marina di Pisa. C'est une mer assez méchante, attention : gros roulis, et galets qui dévalent en cliquetant. Les plages sont étroites et pentues et les enfants jouent là, dans de grands éclats de rire, sous la surveillance étroite des adultes. Il fait beau, tout brille (les galets blancs étincellent !) et c'est le bonheur sur Terre en vrai de vrai.


En plus, on a repéré un marchand de glaces. Pour après, quand on sera bien trempé.😊


Retour à Lucques dans nos appartements, dîner et coucher.


Jour 4 : Vinci


Le matin du 4e jour, nous rendons l'appartement de Lucques  : la prochaine nuit, nous la passerons dans notre lit, en France ! 😊

Nous partons pour Vinci, en direction de notre objectif 4 : la maison de léonard de Vinci.


Les touristes sont rares, le temps est radieux. La petite ville de Vinci est simplement adorable, noyée de campagne, et propose un musée en trois parties, sur trois sites distincts : c'est idéal pour assouvir le besoin de mouvement des enfants et prendre le temps de flâner derrière les remparts.

Il faut commencer par se rendre au Musée Léonardiano, où l'on achète un pass "famille" (20 euros, de mémoire) qui nous donne accès à trois sites : le petit musée proprement dit au cœur de la ville, le château de Vinci, et, à quelques kilomètres de là, la maison natale de Léonard de Vinci. Chaque visite est courte, ce qui est parfait pour que l'intérêt des enfants ne s'étiole pas. Entre chaque lieu, on marche dans les ruelles médiévales ombragées (et on visite l'église locale en prime, c'est gratuit et toujours très joli ).


La visite du château est la plus longue, et on peut monter tout en haut du donjon pour admirer la Toscane. C'est tellement beau que la déception de n'avoir pas pu contempler Pise d'en haut est aussitôt oubliée.  Les quatre énormes cloches de l'église sonnent justement à toute volée, à quelques mètres sous notre nez, et nous sommes tout émerveillés de les voir se balancer follement dans ce fracas cadencé.

Après la visite du petit musée et du château, il faut reprendre la voiture pour aller jusqu'à la maison natale de Léonardo, située en pleine campagne environnante. Nous longeons des champs d'oliviers, ceints de murets pierreux et tout dressés de fleurs sauvages. Nous garons la voiture "à l'italienne" (comprenez : "à l'arrache" 😁) dans un tournant et nous éloignons de la petite route pour pique-niquer dans une nature d'un autre monde.


Les enfants batifolent, on admire les plantes locales, les insectes. On profite du soleil. Certainement l'un des plus chouettes moments de notre voyage.

Pique-niquer DANS les oliviers (au sens propre)

Le repas achevé, nous reprenons la route et arrivons à notre objectif 3 : la maison natale de Léonard de Vinci. Deux ou trois pièces à parcourir, dont les maigres installations ne laissent pas les enfants indifférents (projection documentaire, carte en relief, détails sur la vie de l'artiste ...). Mais surtout, il y a l'appel du large tout autour, avec ses étendues d'oliviers battus de vents, ses chants d'oiseaux et quelques parties de loups. Il faut bien ça avant de repartir.

A long way from home ...

Le chemin du retour est assez long, car il se fait d'une traite. Nous décollons de Vinci vers 14h pour arriver chez nous à 23 heures. Les enfants ont commencé leur nuit dans la voiture ... Nous les portons jusqu'à leurs lits, et les couchons tout habillés. Ce déménagement les réveille un peu, délicieusement ... Ce sera peut-être l'un de leur meilleur souvenir de vacances ! 😊

Avez-vous des astuces pour  voyager avec des enfants ? Avez-vous, comme nous la semaine dernière, vécu des voyages mémorables, parce tout simplement délicieux et sans chichis ?