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dimanche 28 février 2016

Notre semaine en dix photo (8/16)

Week-end dans les Alpes suisses


J'ai un côté hyper-perfectionniste qui m'entrave, parfois. ;-)

Par exemple, il y a un an, mon homme a acheté un néon de lumière noire... 

Oui, sauf que dans mon idée, l'espace "lumière noire" devait trouver sa place au sein de l'atelier, et si possible dans l'espace "lumière" ce qui ne sera, dans les faits, pas possible avant plusieurs années : il faut abattre un pilier pour libérer un pan de mur, ce sont de gros travaux en perspective...

Du coup, le néon restait rangé dans un coin du grenier.  

Cette semaine, mon homme l'a ressorti à la nuit et l'a branché dans la salle de bain. Nous avons passé des heures pure magie. Comme quoi... il en faut peu, en terme d'aménagement, hein ? ;-)

Avez-vous déjà joué avec la lumière noire ? Quelqu'un a-t-il aménagé un espace spécifique chez lui ? Je suis avide de  retours sur ce sujet ! ;-)

Nacéo, de Pittau et Gervais, bientôt sur la bibliothèque coquelipop !

Ces dernières semaines, les progrès d'Antonin en matière de numération, et en lecture des nombres en particulier, ont été fulgurants. Hélas, je n'ai pas tenu le journal de ces avancées, et j'avoue qu'aujourd'hui, devant l'ampleur du retard, je me décourage...


Je reprends donc là où nous en sommes, et le grand jeu de la semaine, fut la grande addition montessorienne, décrite en détail dans ce très bon article des Ateliers de Céleste.


Cette activité fut reprise plusieurs fois avec beaucoup d'enthousiasme. Si elle est hors de portée de Louiselle, la Damoiselle fut néanmoins très active, et seconda son frère dans la distribution et le rangement du matériel. C'est une activité qui favorise le mouvement - prenez soin de placer le matériel à bonne distance des plateaux afin que l'enfant mémorise les quantités à rapporter... et qu'il assouvisse son besoin de mouvement !

Peindre dehors

Tombés de mes aiguilles : guêtres et manchons pour Louiselle

Collage à la manière de Bruno Gibert, Ce que je peux porter

Je suis très en retard concernant les activités à proposer à Louiselle. Il faut de toute urgence que je lui apprenne à lire les nombre supérieurs à 10, car la Damoiselle trépigne, et me serine toute la journée : "Maman, c'est quoi un 1 suivi d'un 1 ? Maman, c'est quoi un 4 suivi d'un 0 ? Maman, c'est quoi un 5 suivi d'un 7 suivi d'un 4 suivi d'un 9 ?" :-D

A suivre donc ! 

Mise en paire nombres/quantités avec le puzzle du coffret Mes chiffres Montessori

Bonne semaine chez vous ! ;-)

mardi 23 février 2016

Des bonnes manières


Croyez-le ou non, je me suis très longtemps posé la question en tant que parent :
"La politesse, ça sert à quoi ??"

Une partie de moi-même refusait d'envisager une seule seconde que mes enfants puissent manquer de "savoir vivre" et une autre éprouvait un léger malaise à l'idée de les éduquer en vue de cet objectif... Ajoutez à cela que je ne suis pas totalement opposée au fait qu'ils cultivent un petit côté "rebelle"... Et vous aurez une idée de la salade qui me servait de cerveau dès que j'approchais cette question il y a encore quelques semaines.

J'ai analysé la chose : c'est que je ressentais, dans ma propre enfance, les demandes des adultes en matière de "bon ton" ("Dis bonjour à la dame ! Dis merci !", etc.) comme une véritable humiliation. Je n'aurais pas eu un plus piètre sentiment de moi-même si on m'avait demandé de lécher les chaussures des passants... Comment les choses s'étaient-elles donc construites pour que j'ai ce sentiment, mystère... :-/

N'allez pas en déduire que j'étais une enfant impolie ! Non ! J'étais simplement trèèès timide (je le suis toujours) et s'il m'arrivait de manquer de civilité, c'était toujours par omission, terrassée que j'étais par le respect que m'inspiraient les adultes, et que les formules qu'on exigeait de moi ne me permettaient pas d'exprimer.

Ce sentiment étant encore vif en moi aujourd'hui (rassurez-vous, je suis devenue une grande personne tout à fait polie, même avec les gens que je n'aime pas !), j'abordais cette question, en tant qu'éducatrice, avec une certaine méfiance...


Mais il y a quelques semaines, je fus stupéfaite de m'entendre répéter comme un disque rayé: "Comment demande-t-on ? Tiens-toi droit ! Ferme la bouche quand tu manges ! Dis bonjour à la nounou !", etc.

Cette attitude a duré plusieurs jours, et puis je me suis aperçue que je me faisais peur ! :-D


Bon, j'ai réfléchi, et maintenant, je sais à quoi ça sert d'être poli. Être poli, c'est maitriser des codes, qui permettent de répondre de manière appropriée à diverses situations sociales. La civilité est une manière de modéliser ses émotions - et les émotions des autres - et de les mettre à distance. Vu sous cet angle, la politesse devient un domaine d'apprentissage absolument primordial dans le développement social de l'enfant.


Une fois la question du "Pourquoi ?" réglée, se pose celle du "Comment ?". Vous l'avez compris, je ne suis pas une grande fan de la méthode "perroquet" (ou "disque rayé") qui met tout le monde sur les nerfs, nimbe l'ambiance de violence latente, et ne se révèle pas d'une efficacité redoutable (sans quoi, nous arrêterions assez vite de répéter, n'est-ce pas ?).

Voici mon plan d'action dans ce domaine - il vaut ce qu'il vaut, encore une fois, je ne suis pas une spécialiste des bonnes manières !


Tout d'abord, j'ai déterminé les règles de courtoisie qu'il était important pour moi que nous respections dans notre famille. J'ai soumis cette liste à mon homme, et nous en avons discuté. Une fois d'accord sur tous les termes, j'ai tapé notre charte, je l'ai imprimée et affichée sur notre réfrigérateur. 


Les règles décrites sur cette liste sont destinées à tous - et en priorité, aux adultes. Je pars du principe que si nous les respectons, nos enfants les respecteront aussi - en réalité, j'en ai déjà la preuve. Et de penser à la manière dont les enfants s'imprègnent des gestes des adultes qui les entourent, ça m'a fait penser à Maria Montessori.

J'ai donc relu quelques passages de la Pédagogie scientifique. L'enseignement "de la grâce et de la courtoisie" est une section des leçons de Vie pratique dans laquelle trouve des pistes concrètes. Par exemple, il est facile (et ludique !) de jouer certaines scènes avec les enfants - on peut aussi mobiliser poupées, figurines et autres marionnettes. Je trouve que c'est une méthode particulièrement efficace pour tous les codes sociaux - apprendre à réagir face aux attentes des autres. Car enseigner à dire "Bonjour Madame" en regardant la personne dans les yeux, c'est super abstrait quand on y pense. Les petits jeux de rôle permettent de montrer exactement comment faire : l'adulte mime (et on rigole bien), les doudous rivalisent de politesse - et on rigole bien, surtout qu'il y en a toujours un dans le lot qui fait tout de travers,  et ça !! C'est tordant !! :-D


Tous les jeux d'imitation (jouer à la poupée, à la dinette...) sont d'excellentes occasions d'user et d'abuser des conventions sociales. C'est en jouant à la marchande que je me suis d'ailleurs aperçue que mes enfants maitrisaient le vouvoiement, qu'ils ont peu l'occasion de pratiquer dans la vraie vie... ;-)


Enfin, fidèle à mon grand principe (c'est en jouant qu'on apprend !!), je suis partie en quête de petits jeux sur le sujet. J'ai trouvé un loto rétro chez Si Tu Veux (Jouer), et ces planches sympathiques de la talentueuse Marie Paruit , que j'ai imprimées en double pour fabriquer un Mémory.

Ces jeux ont un avantage de taille : ils permettent de parler de ces règles conventionnelles. Les images qui représentent chaque "loi" s'inscrivent dans la mémoire visuelle. On les décrit. On évoque les situations où ces "bonnes manières" peuvent être utiles. On relativise : certaines de ces règles sont vieillottes, et d'autres ne s'appliquent tout simplement pas chez nous. On explicite les situations, on explique le vocabulaire, on donne des exemples... 

Les enfants en sont très friands, et ont intégré les règles de politesse en quelques parties (même certaines, franchement complexes, du petit loto désuet).  Bon, de là à ce qu'ils les appliquent dans leur corps, il faudra certainement quelques années - mais connaitre les règles, savoir les expliquer et les jouer, me semble être un premier petit pas dans ce sens. ;-)


Je clos cet article par les deux règles d'or du parent bienveillant - vous les connaissez, mais serez certainement d'accord avec moi pour dire qu'elles ne sont pas toujours faciles à appliquer :

1. Ne faire aucun reproche à l'enfant sur son manque de courtoisie. Si vous en doutez, aboyer : "Et le mot magique ?" toutes les cinq minutes, C'EST faire un reproche. ;-)

Et surtout : aucune remarque désobligeante en public.

Mes enfants ont du mal à saluer les adultes que nous rencontrons : je prends le relai en regardant l'enfant, puis la personne, comme pour assurer entre eux ce lien que mon enfant ne peut instaurer. Et je dis à sa place : "Bonjour, Monsieur !" - tout comme j'ajoute les "S'il te plait Maman/Merci Maman" manquants à la fin de leurs phrases...

Après tout, il n'y a pas de quoi en faire une maladie. ;-)


2. Si l'enfant a un comportement adéquat, ne pas le complimenter ("Oh, c'est bien ! Tu me fais plaisir !", etc.), mais décrire son action de manière objective et détaillée : "Tu as dit "Bonjour Monsieur" en regardant le facteur dans les yeux, comme on avait dit."

Allez, au boulot, les adultes ! ;-) 

mardi 16 février 2016

Courrier des lecteurs : préparer une activité pour son enfant


Je reçois beaucoup de mails qui vont dans le sens de celui de T., reçu la semaine dernière :

"Je cherche à me documenter au sujet des activités que l'on prépare pour son enfant... Comment m'y prendre  ? Comment présenter l'activité au bon moment ? Comment observer mon enfant vraiment, pour connaitre ses intérêts ? Je suis vraiment en cheminement, mais je trouve ça difficile... J'ai récemment proposé de transvaser des lentilles à mon petit de 20 mois, il en a à peu près tout fait, sauf transvaser... Comment réagir face à cela ? Faut-il que je le laisse faire ? Ou lui expliquer que cette activité n'est pas prévue ainsi ?"

Je suis assez démunie face à ce type de questions complexes, car il m'est impossible d'y répondre - et encore moins par mail !! En même temps, il m'est difficile de les laisser sans réponse tant il est vrai qu'il s'agit, pour moi, de questions absolument fondamentales, auxquelles je m'applique moi-même à répondre depuis le début de mon cheminement...


Voilà, je voulais revenir un peu sur tout cela aujourd'hui, histoire que nous re-réfléchissions ensemble à ces "fondamentaux", et pour vous donner éventuellement les liens vers d'autres articles passés dans lesquels j'ai pu aborder ces questions... Ce blog est en train de devenir une jungle arborescente, j'ai bien conscience qu'il ne doit pas toujours être facile pour vous de retrouver l'info qu'il vous faut quand il vous la faut... ;-)

- "Comment m'y prendre pour préparer et présenter des activités à mon enfant ?"

C'est une vaste question, mais peut-être cet ancien article, écrit lorsque Louiselle avait 20 mois, pourra-t-il apporter des pistes concrètes : "Monter une activité pour son bambin".


Une des questions latentes ici, me semble-t-il, porte sur le choix de l'activité : "Comment faire pour choisir l'activité adéquate ?".

Il y a deux chemins, qui souvent se conjuguent :

- Rebondir sur les centres d'intérêts de son enfant. Oui, mais c'est difficile. Et je tiens à rassurer cette Maman, c'est d'autant plus difficile face à des enfants si petits. Avec le temps les choses s'améliorent, d'une part parce que nous progressons dans notre faculté à observer (voir plus bas), d'autre part parce que l'enfant se met à parler et ne se prive pas de nous renseigner largement sur ses centres d'intérêt.

Néanmoins, il est tout à fait possible de rebondir sur les intérêts d'un bébé. Un point de départ assez idéal peut être les "bêtises" de votre tout-petit. Qu'est-ce qu'il fait qui vous agace ? Étale-t-il son yaourt sur la table ? Tape-t-il dans sa soupe avec sa cuillère ? Aime-t-il faire déborder l'eau de la baignoire pendant son bain ? Mord-il, tape-t-il ? Touche-t-il "à tout" ?

Voilà des centres d'intérêt clairement exprimés !! :-)

Reste à réfléchir à la manière dont vous allez pouvoir lui permettre de réaliser tout cela quiètement, et sans risque ni pour lui, ni pour les autres...


- L'autre chemin, pour choisir une activité, c'est de reprendre une idée glanée sur le Net ou dans un livre d'activités. Il n'y a aucun mal à cela, nous le faisons tous ! ;-)

Le danger ici, consiste à mettre son sixième sens en veilleuse : ce n'est pas parce que cette activité a plu à votre petit voisin qu'elle plaira à votre enfant. Et vous le savez. Vous le sentez. Mais si.


Si vous doutez de votre instinct, voici les questions à se poser pour clarifier ce point :

1. Mon enfant maitrise-t-il les prérequis nécessaire à cette activité ? Le fils de votre voisine aide sa maman à étendre le linge, et vous trouvez ça absolument adorable. Seulement, si votre enfant n'a jamais manipulé de pinces à linge de sa vie, il est possible qu'il se décourage. Avant de lui demander de fixer une pièce de linge à un fil à l'aide d'une pince, laissez-le manipuler librement une poignée de pinces à linge et montrez-lui comment les ouvrir et les fermer.

2. Se complait-il dans ce type d'activité ? La plupart des enfants manifestent un fort intérêt pour les tâches domestiques (si les adultes le font, c'est que cela doit être super !!), mais certains s'en désintéressent royalement. Ne vous offensez pas si, auprès de tels enfants, vos pinces à linge ne rencontrent qu'un désintérêt poli... et dites-vous que cela viendra peut-être plus tard ! ;-)


Mais il y a autre chose, dont on parle assez peu. 

Vous y voilà, ça ne veut pas, votre enfant boude l'activité que le fils de la voisine accomplit avec tant de plaisir... Et ce n'est pas grave, bien sûr, sauf que...

Sauf que cette activité est importante pour vous. Vous la trouvez intelligente, ou poétique, elle vous renvoie à votre propre enfance, soit que vous l'ayez vécue, soit qu'au contraire elle vous ait manqué... Bref, vous ressentez le besoin de la partager avec votre enfant.

La relation pédagogique est constituée de deux êtres qui sont aussi importants l'un que l'autre - et en face de votre enfant, il y a vous, l'éducateur, avec vos besoins réels et vos désirs quant à ce que vous voulez transmettre...

Ne baissez pas les bras ! La question devient : comment faire pour adapter cette idée qui, malgré le refus de mon enfant, me plait et m'inspire en tant que parent ?

Vous trouverez... cela vous prendra quelques jours, ou quelques semaines, mais vous trouverez... et vous remarquerez qu'être animé d'un désir précis ("J'aimerais tant partager CELA avec mon enfant !") vous aidera à affiner vos observations du moment, qui, comme par hasard, vous donneront plein d'indices sur la manière dont vous pouvez tourner les choses... en l'adaptant en VOTRE famille.


Enfin, ne cherchez pas à être "original". Les meilleures activités sont les plus simples, et on peut les faire varier à l'infini. Si votre enfant adore découper, il se peut qu'il y passe des mois et des mois. C'est répétitif, et c'est parfait, c'est ce qui lui convient. Bien sûr, rien ne vous empêche de vous triturer les méninges pour essayer de le faire découper dans des situations variées et sur des matériaux les plus divers possible. Peut-être qu'à force de chercher des variantes adaptées à votre enfant, vous inventerez un jour l'Activité à laquelle personne n'avait encore jamais songé et qui fera un buzz sur la Toile... mais là ne doit pas être votre objectif ! Chercher l'originalité pour l'originalité, c'est se détourner de ce que vous vivez réellement avec votre enfant.


- Comment présenter l'activité à mon enfant ?

Si vous êtes dans une optique montessorienne, je vous renvoie à cet article : "Premières présentations Montessori".


Si vous ne l'êtes pas... ;-)

La pédagogie Reggio diffère principalement de la pédagogie Montessori en ceci : le matériel (et plus largement, l'environnement) est une espèce de "support", de "substrat" à la relation humaine. L'enfant apprend en manipulant du matériel concret dans le cadre d'une interaction. L'apprentissage devient alors un acte social, une collaboration.

Exit les présentations figées et silencieuses, dans ce cas ! ;-)

Seulement voilà : certains adultes interagissent naturellement de manière très efficace, mais pour d'autres c'est plus difficile. Fort heureusement, il existe un certain nombre de techniques à adopter pour progresser.


En amont :

L'activité que vous projetez doit-elle être proposée individuellement, ou est-elle adaptée à un travail à plusieurs (fratries, petit groupe) ? Tranchez cette question et réfléchissez aux manières d'aménager l'activité si vous avez plusieurs enfants d'âges éloignés, par exemple. On peut souvent réunir plusieurs tranches d'âges autour d'un même matériau (par exemple, l'argile) en faisant varier les outils selon les habiletés de chacun (ébauchoirs pour les plus grands, éléments à enfoncer pour les plus petits...).

Réaffirmez vos objectifs. Lorsque vous proposez une activité à votre enfant, ce n'est pas pour faire de lui un artiste ou un génie, mais pour l'aider à affiner sa coordination, laquelle enrichit les connexions cérébrales et prépare un futur adulte à la pensée souple et efficace. L'objectif premier est que votre enfant explore la sensualité de la matière, la profondeur de la couleur, la souplesse du mouvement. Qu'il s'exerce à l'attention - au détail, à la nuance -, qu'il apprenne à travailler avec conscience et soin. Qu'il muscle ses mains, ses doigts et tout son corps. Qu'il s'implique dans un dialogue, éventuellement silencieux, avec les autres humains présents et les matériaux, qu'il s'ouvre à de nouvelles perspectives.


Réunissez tout le matériel nécessaire. Cela suppose souvent de différer une activité pour prendre le temps de la "repasser" mentalement plusieurs fois, et être sûr de ne rien oublier. Prenez le temps. 

Testez vous-même l'activité : elle vous réserve des surprises. Les matériaux ne se comportent jamais comme on l'avait escompté et il vous faudra certainement faire des aménagements pour rendre l'activité réalisable par les petites mains.

Réfléchissez à la manière dont vous pouvez relancer l'activité si l'enfant s'en détourne trop rapidement. Il suffit par exemple de préparer quelques outils qu'on propose un à un à l'enfant, au fur et à mesure que son intérêt pour le précédent retombe.

Pensez enfin à la manière dont l'activité s'achèvera. Avant de commencer une activité, essayez de visualiser de façon claire où vous allez mettre les peintures, les sculptures ou les collages à sécher. Une réserve d'eau propre doit souvent être disponible, ainsi que des petites éponges, des essuie-mains, des chiffons, des cuvettes...  Le plus souvent, l'activité s'arrête simplement quand les enfants montrent des signes de lassitude. Enrôlez-les dans le rangement et le nettoyage. Les tout-petits seront généralement ravis de cette activité motrice après la phase de concentration qu'ils viennent de vivre - je ne dis pas : avec les plus grands, ce peut être plus difficile... 


Déterminez le moment de la journée le plus propice à l'activité en fonction du rythme de votre enfant et de la maisonnée. S'il reste un quart d'heure avant de partie chercher votre ainé à l'école, si la sieste ou le repas se profilent, si votre enfant vit par ailleurs une semaine "chargée" (déménagement, changement de nourrice, maladie...), sachez remettre vos séances à plus tard.

Choisissez un moment où votre enfant est calme. Les moments d'excitation seront consacrés à d'autres activités, plus motrices, peut-être... Généralement, les moments qui précèdent les repas ne sont pas de bons moments, et la plupart des enfants vivent une période d'excitation intense après le goûter. Mais au-delà des généralisations simplistes, essayez de repérer les phases de la journée où votre enfant est ouvert à la découverte, et ceux où il a besoin d'autre chose.

Soustrayez-vous des distractions prévisibles. Si votre voisin joue du marteau depuis le début de l'après-midi, ce sera pour demain... Pensez aussi à éteindre votre téléphone portable ! ;-)

On peut très bien proposer des activités pédagogiques à son enfants tous les jours si on en a la possibilité. J'expliquais dans cet article comment je m'organisais, du temps où j'étais à la maison avec deux bambins : "Est-il possible de proposer des activités à son enfant sans surcharger sa journée ?".

Mais dans la vraie vie, cela est souvent plus chaotique. Parfois, il n'y aura rien durant une semaine entière parce que les conditions ne sont pas réunies. Dites-vous toujours que la qualité de l'expérience prime sur sa fréquence. Et que les mois passant, les choses seront de plus en plus aisées, surtout si votre enfant trouve un plaisir véritable dans ces séances.

L'activité en elle-même ne durera peut-être que quelques minutes. Ce n'est pas grave, ou plutôt : c'est très bien. Songez toujours à quel point quelques minutes de concentration sont épuisantes chez un bébé. Le tout-petit ne trie pas les informations qui lui parviennent par ses sens, il est tout à son activité, qui l'épuise rapidement. Sachez stopper aux premiers signes de fatigue. Et félicitez-vous, car ces quelques minutes auront laissé une empreinte profonde dans ses connexions cérébrales. Chaque instant de travail bien mené accroit chez votre enfant sa capacité à faire des liens, à comprendre, à sentir, à se questionner - à apprendre.


Au moment “M” :

Présentez le matériel à l'enfant. Procédez comme si vous lui présentiez un de vos ami très cher. Votre enthousiasme se diffusera à l'enfant qui y sera très sensible. Formulez votre ressenti – sans palabres, mais avec sincérité et sans “simplifier” votre syntaxe : “Je suis heureux de travailler avec toi aujourd'hui. Je voudrais te montrer quelque chose... Installe-toi confortablement... Voilà : “Peinture”. C'est de la peinture.” Verbalisez les actions de vos enfants et mettez des mots sur leurs ressentis : “Tu sens sous tes mains. Tu sens comme la texture glisse sur le papier. Tu vois comme les couleurs se mélangent.” Si vous présentez à votre enfant un outil nouveau, attirez son attention sur sa qualité, ce sera encore le meilleur moyen de l'amener à en prendre soin. “Pour travailler l'argile aujourd'hui, je voulais te montrer un très bel outil que tous les artistes utilisent.”

Dans l'action, interagissez le plus possible avec votre enfant. Regardez-le dans les yeux, posez votre corps, votre voix. Ne prenez pas une voix haut-perché pour lui parler ; si les perroquets sont, semble-t-il, très sensibles aux notes aigües, ce n'est pas le cas de votre bébé ! Désignez les outils par leurs vrais noms, même techniques. Respirez, faites de la situation un véritable exercice de conscience et de détente. Ouvrez-vous à l'autre, observez intensément et profitez de cet instant unique qui ne reviendra jamais plus. Votre attention à votre enfant doit être totale, mais aussi respectueuse. Essayez de ne pas empiéter sur son espace propre. Ne lui prenez jamais un objet des mains. Asseyez-vous à sa hauteur pendant le travail, travaillez, vous aussi, à ses côtés. Limitez vos déplacements dans la pièce. Et ne lui tournez jamais le dos – c'est encore la mesure de sécurité la plus efficace.


Si vous avez l'impression que votre enfant a des difficultés à se concentrer et que tout ce que vous mettez à sa disposition l'indiffère, dites-vous bien qu'il s'agit d'une impression. Le bébé ne dispose pas de nos codes sociaux pour signifier que quelque chose l'intéresse. Vous pouvez avoir l'impression qu'il ne regarde même pas ce que vous lui montrez, et, au bout de quelques séances, le voir manipuler les outils avec une dextérité optimale ! Prenez patience, et gardez le cap !

Concernant les enfants un peu plus grands - de 3 ans et plus - il peut être bénéfique de les encourager parfois à ralentir, pour les aider à s'immerger dans le geste. Certains enfants se précipitent sur une activité qu'ils délaissent très vite pour se saisir d'une seconde. Si vous constatez que ce comportement dénote un rapport superficiel à l'activité, demandez à l'enfant de s'arrêter et de se recentrer. Regardez ensemble son travail, décrivez-le, et intervenez si nécessaire : “Tu n'a pas touché au rouleau, veux-tu que nous essayons de nous en servir ensemble ? Trempe-le dans la peinture. Tu vois comme ça coule ? Oui, tu fais couler sur la feuille. Ça fait des petits dessins tout fins. Si tu presses, que se passe-t-il ? Et en bougeant ton bras comme cela ? Peut-être peux-tu aussi changer de couleur, tu n'as pas essayé celle-là...” Les enfants-parleurs sont souvent très facilement recentrés dès que l'adulte décrit leur œuvre et les questionne, et cela leur permet d'objectiver leur travail. “Oh, tu as peint plein de petits points ! Comment as-tu fait cela ?”.

Si vous travaillez avec plusieurs enfants, prenez l'habitude, dès leur plus jeune âge, d'attirer leur attention sur le travail des autres au terme de l'activité. Les expérimentations de chacun doivent enrichir le répertoire gestuel de tous. “Pauline a trouvé un nouveau moyen de se servir de cet outil, aujourd'hui. Elle va te montrer comment elle le tient.

Si un enfant détourne un outil d'une façon que vous n'avez pas anticipé (tremper le manche du pinceau dans la peinture par exemple, et l'utiliser pour faire des traces sur le papier), prenez le temps d'observer quelques minutes. Puis verbalisez : “Oh, regarde, tu as tracé une ligne très fine avec le manche du pinceau ! C'est très différent des traces que font les poils du pinceau. Tu vois ?”. Si l'expérimentation n'abîme ni l'outil ni les matériaux, restez-en là. Dans le cas contraire (si l'enfant plonge un délicat pinceau de soie dans l'argile, par exemple), recentrez-le tranquillement sur la manière la plus efficace d'utiliser cet outil : “Ce petit pinceau fonctionne mieux quand on le trempe dans la peinture. Là, il colle à l'argile, et ses poils sont tout sales. Nous allons garder le pinceau pour la peinture, et l'argile pour le modelage.” Pour éviter la frustration, troquez l'outil contre un autre plus approprié. “Tu veux creuser de longs tunnels dans l'argile ? Cherchons un outil qui pourra faire ça aussi bien sans en souffrir”.


- Comment observer mon enfant vraiment, pour connaitre ses intérêts ?

Oups, mais je suis bavarde !! (Je vous avez bien dit que ce n'étais pas le genre de question que je pouvais traiter par mail !!). Je reviens à présent aux interrogations de cette lectrice.

Comment faire pour observer son enfant ? Bon, tous ceux qui ont murmuré "Ben, il faut ouvrir les yeux !" peuvent sortir !! :-D :-D

L'observation est un art difficile. En vérité, l'observation vraie est une pratique spirituelle - en tant que telle, personne ne peut se vanter de la maitriser vraiment.

Observer, c'est s'immerger dans le sujet observé au point d'oublier de juger. De part ma pratique, je peux vous affirmer qu'il m'est plus facile d'observer en tant qu'enseignante qu'en tant que Maman. La mère que je suis transpose certaines choses sur ses enfants - des peurs, des désirs... - et a souvent la vue un peu trouble ! ;-)

Ce n'est pas grave : accrochons-nous. Une observation menée sincèrement, même imparfaite, sera riche d'information et nourrira la relation au-delà de nos attentes.

Observer, c'est aussi savoir attendre, et accepter de ne pas intervenir. Votre enfant essaye de réaliser des versés d'eau et inonde la cuisine ? Observez, et restez impassible. Ne criez pas, ne faites aucune remarque, aucun geste. Il est en train d'apprendre, et il réussira mieux demain - bien mieux si vous n'êtes pas intervenu !!

Honnêtement, c'est très difficile. Un de mes "trucs", pour parvenir à me mettre dans cet état de conscience neutre, est d'imaginer que je suis en train de filmer ce que je vois. Je parviens mieux à mettre de la distance avec l’évènement, à rester impassible et ouverte. Si vous avez d'autres tuyaux de ce type, je prends !!

En observant votre enfant, vous allez prélever des informations objectives : sur son état de santé actuel, sur son degré de concentration, sur sa relation aux autres... et sur ses centres d'intérêt. Entre autres. ;-)


J'ai récemment proposé de transvaser des lentilles à mon petit de 20 mois, il en a à peu près tout fait, sauf transvaser... Comment réagir face à cela ? Faut-il que je le laisse faire ? Ou lui expliquer que cette activité n'est pas prévue ainsi ?

Que les choses soient claires : 20 mois, c'est vraiment trop petit pour transvaser. Surtout si votre enfant n'a jamais eu l'occasion de manipuler des lentilles auparavant. Imaginez-vous sur une planète extraterrestre dont vous ne connaissez pas encore grand chose - vous n'êtes là que depuis 20 mois. On vous présente soudain un matériaux étonnant : sa couleur, son parfum, sa texture vous sont inconnus, mais vous êtes intimement persuadé qu'il s'agit d'un matériau inoffensif, voire sympathique. Monsieur l'extraterrestre vous donne un mode d'emploi compliqué : le substrat doit être distillé, filtré, puis séparé à l'aide d'outils assez complexes. Bon, vous êtes une personne raisonnable. Vous décidez de repartir de zéro et de découvrir vous-même les qualités de cette matière, comme un vrai scientifique que vous êtes : vous y plongez les mains.

Malheur, l'extraterrestre a l'air fâché. Visiblement, il pense que vous êtes un imbécile. ;-)

J'arrête là ma métaphore. Mais de grâce, si vous avez la chance de vivre avec un enfant de 20 mois, proposez-lui des bacs sensoriels. Beaucoup de lentilles dans un grand contenant, sans outil dans un premier temps - de préférence dehors, ou sur une grande bâche. Laissez-le faire son travail de pro sur les propriétés de cet étrange matériau, enrichissez petit à petit votre proposition avec des outils (boites, gobelets, entonnoirs, cuillères...), et plus tard, quand il en aura fait le tour, réfléchissez à la manière dont vous pouvez faire évoluer ses expériences... Hé, pourquoi pas un transvasement ?  ;-)

Pour information, mes enfants de 3 ans et demi et 5 ans n'ont jamais autant aimé les transvasements qu'aujourd'hui... Votre enfant a le temps !! :-)


J'espère de tout cœur avoir aidé...

Tout ajout/ remarque/demande de précision supplémentaire est bienvenu ! :-)

dimanche 14 février 2016

Notre semaine en dix photos (6/16)

Formes à dessin et expression libre

La semaine qui s'achève a été riche en fêtes, et en activités pédagogiques - à la maison du moins, car les enfants ne sont pratiquement pas allés à l'école : enseignants absents, assistante maternelle terrassée par la gastro, otite pour Antonin, pic de fièvre pour Louiselle... Ce fut au tour de mon homme de prendre quelques congés pour assurer la garde de Damoiseau et Damoiselle, que je retrouvais le soir assez en demande d'activités cérébrales... ;-)

Lundi : nouvel an chinois

Les enfants ont réalisé chacun une tirelire à l'effigie de leur signe astrologique chinois (Tigre et Dragon ! Ça ne s'invente pas...). Je leur ai donné à chacun un euros pour le glisser à l'intérieur. Cette piécette, conservée toute l'année dans la boite en papier Canson, leur assurera-t-elle bonheur et santé ? ;-)

Cette fête-là fut surtout un prétexte pour manger asiatique et découvrir de nouvelles saveurs. L'expérience gustative a marqué les enfants, qui en redemandent !

Louiselle et les lettres rugueuses

Mardi : Mardi-gras

 Au programme de notre Mardi-gras : maquillage libre, déguisements et galettes de sarrasin... 

Mais les enfants attendent surtout le VRAI Carnaval, celui qui aura lieu au village le mois prochain et en vue duquel nous avons participé à des ateliers de décorations des chars...

Antonin et la série verte

(Les séries de lecture Montessori viennent du site Boutique Documents Montessori qui les vend en Pdf. Je ne peux mettre ici le lien direct, car le site est momentanément en maintenance.)

Piocher, lire et mimer !

Ci-dessus, un petit jeu dont Antonin raffole et qui est fourni dans les séries vendues par Boutique Documents Montessori. Il s'agit d'un jeu de mime, qui vise à travailler sur le sens de ce qu'on lit, et à accroitre le vocabulaire de manière concrète. J'ai adapté la série rose pour que Louiselle puisse jouer avec nous, en retapant les verbes d'action en capitales. Les enfants savent que les petits papiers roses contenus dans le panier sont pour elle ! Antonin, quant à lui, joue avec la série rose et la série bleue. Je conseille vraiment ce jeu, il est d'ailleurs facile à fabriquer soi-même, et c'est un pur bonheur ! :-)

Juxtaposer...

Et voilà une petite activité concoctée pour Louiselle, qui était un peu frustrée de ne pas savoir manipuler les réglettes cuisenaire avec lesquelles son frère travaille beaucoup en ce moment. Je me suis inspirée de ce fichier-là, chez La fabrique des Marmottons, destiné à l'origine aux barres rouges, et l'ai refait à destination des réglettes. J'ai tout simplement scanné mes réglettes disposées en figures et imprimé le tout en sépia de manière à ce que l'enfant ne puisse pas s'aider des couleurs. Ici, l'objectif est de prendre des indices sur les différentes longueurs. Mes fiches ne sont pas très belles, mais si elles vous intéressent, dites-moi, je les mettrais en ligne.

... ou reproduire à côté du modèle.

Images séquentielles

Je partage ICI quelques adresses pour télécharger gratuitement des images séquentielles. Antonin les apprécie particulièrement en ce moment, et apprécie surtout de découper et coller les images (mes impressions ont donc plus de succès que nos cartes, aussi jolies soient-elles). Attention, veillez toujours à ce que votre enfant ait assez de place pour coller les images en ligne, de gauche à droite - dans le sens de la lecture. Les images doivent être suffisamment petites pour tenir sur une feuille, ou alors il faudra ruser et fabriquer un support en bande suffisamment long !

Dimanche : Saint Valentin

J'ai réussi un gâteau très glamour, une fois n'est pas coutume ! ;-) C'est cette recette-là, facile et plutôt sexy, idéale pour cette occasion ! Je préconiserai simplement de laisser la garniture cuire 40 minutes au lieu de 30 - ou en tout cas, jusqu'à ce que le cœur du gâteau soit bien pris.

Et je profite de cette occasion pour envoyer un énorme bisou virtuel à tous les Papas qui me suivent - et à tous ceux qui ne me suivent pas, mais à qui vous transmettrez ! Vive nos hommes, qui savent si bien nous aider à concrétiser nos lubies éducatives, même s'ils ne les comprennent pas toujours... Nos maris sont extra-choux !

Bonne semaine chez vous ! ;-) 

vendredi 12 février 2016

Les enfants photographes

Toutes les photographies de cet article ont été prises par mes enfants (entre 3 et 5 ans).


La photographie est un mode d'expression à part entière dans notre famille - et elle a indéniablement sa place parmi les langages multiples théorisés par la  pédagogie Reggio.


Sans surprise, je suis béate d'admiration devant les clichés de mes enfants. La plupart du temps, je ne suis pas présente lorsqu'ils prennent des photos, et je découvre après coup, en vidant leur appareil, un monde à côté duquel je suis passée, mais qu'ils ont su, eux, capturer. Ils choisissent leurs sujets avec assurance : je découvre beaucoup de natures mortes, des instantanés d'objets qui leur sont chers, dont les lignes quiètes se déploient en gros plan dans un clair-obscur assez tranché...  Ils voient ce que je ne vois pas ; qu'il s'agisse d'un détail invisible à mes yeux ou d'un angle nouveau sur un objet pourtant si familier, qui me fait m'écrier : "Mais... ?! Qu'est-ce que c'est ???". La hauteur de vue est la leur, ils ignorent les artifices de la mode, et l'image qui en résulte a souvent quelque chose de brut, de vibrant - et de flou, oui, je vous l'accorde ! :-D

Je n'enseigne pas la photographie à mes enfants. Vrai, ce sont peut-être eux qui me l'enseignent, tant j'ai l'impression que leurs images racontent une histoire plus aiguë, et plus tendre, que les miennes : le désir de faire du "beau" gâche mon peu de talent. En tant qu'adulte, j'ai trop souvent une idée préconçue de ce à quoi ma photo devra ressembler ; j'ai trop de critères a priori sur la manière de cadrer, de zoomer, de me placer. J'ai un tas de théories sur la lumière idéale - et un véritable complexe face aux pâles jours d'hiver, dont la lueur morne et blafarde n'existe rien que pour m'empêcher d'arriver à mes fins, c'est sûr !! Plus ma photo est claire dans ma tête avant même d'être conçue, plus elle est "propre", plus elle s'éloigne de l'art. Mes enfants ne s'encombrent pas de cela. Ils ne sont que fraiche fantaisie et œil de lynx. Je dois admettre que je les envie ! ;-)

 
La photographie est un merveilleux support pédagogique. On peut l'utiliser pour raconter sa vie (ou du moins sa journée), pour créer, pour communiquer (en particulier avec ceux qui sont loin). C'est un outil scientifique magnifique - indispensable en promenade ou pour accompagner n'importe quel projet, quel que soit sa nature. Un appareil photo aide à se concentrer davantage, à aiguiser son regard. Avec un appareil sous la main, on ne se contente pas de vivre et d'avancer, mais on cherche aussi à voir ce qui est là, on écoute ce que les choses et les êtres ont d'intéressant à nous dire.

Je sais bien qu'il y a là une dérive possible - je pense à un certain membre de ma famille qui ne savait plus vivre l'évènement pour lui-même s'il n'avait pas la possibilité de le filmer... On pourrait aussi objecter que cet outil favorise la sens de la vue au détriment des autres - pour cela, je n'en suis pas sûre. Une bonne photo a une texture, un parfum, et une chanson. Mais si ! :-D


Glisser un appareil dans leur environnement, dont ils puissent se servir en tous lieux, en tout temps et en toutes circonstances, c'est encourager nos enfants à regarder le monde autour d'eux, à s'en emparer et à s'exprimer à son sujet. A eux, alors, le pouvoir de prendre des photos qu'ils choisiront de garder, de jeter, d'afficher dans la maison, de donner aux amis ou à la famille...


J'ai offert leur premier appareil photo à mes enfants en juin dernier, à l'occasion des 4 ans et demi d'Antonin. Shame on me, j'ai une totale répugnance à laisser mon Nikon adoré aux mains de mes enfants. J'assume. Tout comme j'assume le fait qu'au moment de choisir un appareil pour eux, j'ai opté pour un appareil "pour enfant" (ShowCam de Playskool).

Bien sûr, j'ai hésité. Question budget, j'aurai pu avoir pour le même prix un petit compact tout à fait respectable...

Je ne l'ai jamais regretté. J'ai commencé par désactiver les effets sonores que les fabricants se sentent obligés d'intégrer dès qu'il s'agit d'appareils destinés aux enfants... Il reste hélas, des effets visuels, dont mes enfants ne se servent pas, ou quasi - il faut dire que ces stickers à apposer aux photos, pensés pour des photos-types (portraits en plans américains ou en pied), ne cadrent pas du tout avec les sujets d'Antonin et Louiselle pour l'instant. Et d'ici qu'ils cadrent (éventuellement !), on aura changé d'appareil, hi hi ! ;-)


Pour le reste : c'est un appareil dont ils peuvent se servir seuls (et l'histoire a démontré qu'ils en maitrisaient mieux l'usage que moi). Lorsque nous avons des petits copains à la maison, l'appareil photo est généralement au centre des jeux, sans que j'ai besoin de me soucier de la manière dont on le traite. Je vous rassure, on le traite plutôt bien, car tout le monde l'aime beaucoup ! Mais enfin, ce modèle-ci mène tout de même une vie dont des appareils "pour adultes" ne se relèveraient pas...


Le détail qui a achevé de me convaincre pour ce modèle au moment de l'achat est le fait que l'enfant puisse projeter ses photos contre un mur pour les visionner (So Reggiooo !!). Voilà une invention géniale, qu'on avait pas égalé depuis le Polaroïde, non ? ;-)

Et d'ailleurs, le Polaroïde !! Quel merveilleux premier appareil que celui-là, qui permet de constater illico le résultat de son action, et donc de s'auto-corriger le cas échéant... Évidemment, vu le prix du papier on oublie, mais à bon inventeur, salut !! ;-)


La question de l'outil réglée, s'est posée à moi celle de l'archivage et de la mise en valeur. Que faire des photos de mes enfants ? Les enregistrer dans un dossier sur l'ordinateur, qu'on n'ouvrirait jamais ? Les imprimer (aïe, aïe, le coût...) ?

Bon, j'ai trouvé la solution (évolutive), et elle ne va pas vous surprendre : j'en ai fait un blog ! :-D


Bien sûr, il ne vous passionnera pas. Mais pour nous, nous y puisons le point de départ de conversations palpitantes, et c'est déjà un lieu d'écriture pour mes enfants non-scripteurs. C'est un catalogue d'idées, d'intérêts, de questionnements, qui pourra grandir avec mes enfants. Car si l'appareil photo est un outil, les photographies sont une véritable ressource documentaire, la matière vivante dans laquelle va venir s'ancrer une enquête ou un projet : identifier cet arbre, raconter cet évènement ou déchiffrer cette affiche publicitaire... Les photos sont des créations ouvertes à toutes les créations : on peut les incorporer à des travaux d'art plastiques, en faire un livre, un journal, une chasse aux trésors, un abécédaire ou un livre à compter...


Il existe de nombreuses ressources sur la manière d'enseigner la photographie aux enfants, mais je crois que dans un premier temps, ils ont surtout besoin que nous leur indiquions sommairement comment se servir de l'appareil dont ils disposent. Avec le temps et la pratique, ils rencontreront leurs propres problèmes, y répondront plus ou moins parfaitement, mais en s'engageant dans une démarche qui leur propre, et dont les réponses seront personnelles - quant à la composition, au cadrage, au zoom, à l'exposition et à la gestion de la lumière, à la profondeur de champ... et à la manière d'exprimer les choses, qui ne se réduit jamais à tout cela. 

Tant il est vrai que photographier, c'est apprendre sur soi et sur le monde ! :-)