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mercredi 9 mars 2016

Courrier des lecteurs : "Par où commencer ?"

Dédié à Gwladys, Stéphanie, Fabienne, AnnieF... et les autres, si je les oublie ! 😊

Septembre 2012

Rien de nouveau sous le soleil (ou devrais-je dire "sous la neige", qui tombe sans discontinuer depuis plusieurs jours). Je suis toujours débordée par les mails que je reçois, et je ne parviens pas du tout à y répondre...

Tout ce que je réussi à faire (parfois), c'est recouper les questions récurrentes et à écrire un article de temps en temps pour les traiter. Nous sommes loin de la réponse personnalisée que vous espériez, je m'en doute, mais... Comment dire ? Je suis Maman, moi aussi, et je travaille à plein temps, j'ai des cours à préparer, une maison à tenir ainsi que quelques obligations sociales,  je gère plusieurs blogs, j'écris pour l'édition... So... J'espère que vous ne m'en voudrez pas trop, mais je n'ai pas le temps de répondre à chacun... :-(

Pour me faire pardonner, je propose que nous réfléchissions ensemble aujourd'hui sur une question qui m'est souvent adressée : "Par où commencer ?". Je me permets de reprendre le mail de G. reçu il y a 15 jours et qui exprime très bien le problème :

"J'ai découvert la pédagogie Montessori, puis, de fil en aiguille toutes les autres pédagogies alternatives. Sauf que je bloque. Je n'en pratique aucune parce que je me sens perdue, noyée par trop d'informations. Par quoi et comment commencer ? J'aimerai tellement accompagner mon fils de 15 mois dans son apprentissage, et appliquer un peu ce que j'ai lu !"

Mon premier sentiment en lisant ce type de message, c'est que cette Maman se dévalorise certainement. L'entrée en pédagogie active n'est pas progressive, c'est un saut : soit on est dehors, soit on est dedans. Et se poser ce type de question, c'est être dedans, sans aucune doute ! 😄

En pédagogie active, les activités proposées (leur nature, leur fréquence...) sont secondaires. C'est ce qui fait toute la différence avec la pédagogie traditionnelle, qui considère l'enfant comme un vase à remplir, et qui centre du coup sa réflexion sur ses fameuses activités au lieu de se centrer sur l'enfant.

Pratiquer les pédagogies alternatives, c'est adopter une posture en tant qu'adulte, qui tente de s'articuler sur le PLUS GRAND principe éducatif de tous les temps - celui qu'il faudrait retenir si on ne devait en retenir qu'un seul :

L'enfant apprend en faisant, 
et non pas simplement en restant assis et en écoutant.

Nous l'avons tous constaté : nous pouvons répéter à longueur de journée : "Ne touche pas au chauffage, cela va te brûler !", rien n'y fait. Notre bambin continue de tourner autour, l'air tenté. Que se passe-t-il si d'aventure il le touche ? Il se brûle. Et n'y touchera jamais plus. Il pointera le radiateur du doigt en s'exclamant avec autorité : "Non ! Chaud !". Il a tout appris en une seule expérience là où nos mises en garde incessantes ont échouées. Si vous êtes en train de virer "perroquet", observez-vous quelques heures : vos paroles n'enseignent rien à votre enfant. Une des raisons est que vos mots n'évoquent aucune expérience à votre tout-petit. "Qu'est-ce que se brûler ? Quel rapport cela a-t-il avec cet objet rutilant ? Pourquoi Maman prend-elle cet air catastrophé pour prononcer ces mots bizarres ???"

Par où commencer ?

A vrai dire, si le paragraphe ci-dessus correspond à un de vos constat, vous avez déjà commencé. 😉

Pratiquer, c'est : 1. Se questionner. 2. Observer. 3. (Inter)Agir.

Pratiquer, c'est aussi se tromper, et accepter de ne pas être parfait en tant qu'éducateur.

Par où commencer ? Je vous propose aujourd'hui quelques exercices pratiques, simplissimes et progressifs. Réalisez-les, l'un après l'autre, et vous serez entré de plain pied dans la pratique des pédagogies alternatives ! Et sans doute vous apercevrez-vous du même coup que vous faites tout cela depuis longtemps... 😉

(Petit message pour F. : ces exercices sont réalisables dans un cadre scolaire, mais porteront sur l'observation de petits groupes d'enfants - cinq élèves, pas plus, idéalement !)
Exercice 1 : Observez votre enfant pendant qu'il joue avec l'eau (dans son bain, par exemple). Dans un cadre scolaire, placez cinq cuvettes sur le sol, dans les sanitaires de l'école. Remplissez chacune d'eau et de quelques récipients. Les enfants manipulent librement, accroupis, avec la consigne de rester chacun au dessus de sa cuvette - l'activité individuelle favorise la concentration.

Observez, c'est-à-dire posez-vous ces questions : "Quels sont les savoirs qu'il ou elle est en train de construire ? A quoi vont-ils lui servir ?". Votre enfant dans son bain tient précautionneusement un petit récipient sous le robinet qui coule ? Il est en train de faire l'expérience du débordement ! A chaque fois qu'il versera dans son récipient un volume d'eau supérieur à sa capacité, ça débordera. C'est une règle physico-mathématique primordiale.

Quand un enfant joue avec l'eau, il construit un savoir sur l'eau. Il sent que ça mouille. Il voit sa transparence, il entend le bruit des clapotis, il sent la résistance de sa surface lorsqu'il la frappe. Il constate qu'elle coule. Qu'elle peut être chaude ou froide. Qu'elle remplit certains contenants et filtre à travers d'autres.

Contrairement à une idée reçue (héritée de la technicité montessorienne, certes extrêmement efficace, mais qui s'exerce dans un cadre spécifique), il ne faut surtout pas hésiter à interagir avec son enfant ! C'est même absolument primordial pour son développement affectif et intellectuel.

La seule règle à respecter, c'est de ne pas briser sa concentration. Observez : votre enfant est "immergé" dans son geste, ses yeux sont rivés à ses mains, sa bouche est entrouverte : il "s'oublie" dans l'activité, il EST l'activité. Lui parler à ce moment serait dommage, vous l'en extrairiez. Mais observez encore : vient le moment où l'enfant se tourne vers vous, il rencontre votre regard. Mieux, il le cherche : l'enfant A BESOIN d'être observé, et peut-être a-t-il besoin, à cet instant, de s'assurer que vous le faites. Vous échangez un sourire, un geste, une mimique, peut-être une observation.

C'est comme une respiration : il y a des temps d'inspiration, où l'enfant est centré sur soi. Son geste le remplit, l'absorbe. Et puis il y a l'expiration : c'est comme un réveil. L'enfant revient à la réalité et éprouve le besoin de connecter son expérience avec son monde. C'est une étape absolument nécessaire pour que ce qu'il vient d'expérimenter fasse sens.

C'est le moment pour vous d'agir : verbalisez l'expérience vécue. Encore une fois, un seul principe à retenir : dé-cri-vez. Ne cherchez pas à expliquer, mais questionnez plutôt. "Tu remplis le bol ? Oui, ça déborde. Comment tu fais cela ?". Vous lui fournissez alors le concept correspondant à son expérience. "Ah, déborder. Cela s'appelle déborder". Votre enfant a peut-être entendu ce mot des centaines de fois auparavant, mais s'il n'était pas connecté à une expérience (rappelez-vous l'exemple du chauffage), il n'aura pas pu l'intégrer.

Avril 2013


Exercice 2 : Observez votre enfant pendant qu'il joue avec le sable. En milieu scolaire, cette activité peut être aménagée de manière similaire à précédemment (un petit bac par enfant avec quelques accessoires simples). Quand les enfants font leur travail (ce que nous appelons "jouer"), ils construisent des savoirs sur le monde. Ils expérimentent la manière dont les objets se comportent. Ils découvrent la manière dont ils peuvent s'en servir.

Voilà que votre enfant remplit le tamis de sable sec. La matière passe à travers, et vous percevez une surprise dans son regard, dans ses gestes... Il se tourne alors vers vous avec un regard interrogateur. Sentant qu'à ce moment-là vous n'affectez plus sa concentration, vous communiquez brièvement : "Tiens. Que se passe-t-il quand tu remplis le tamis de sable sec ? On recommence ? Oh, ça coule, ça coule !".

You got it. 😉

Un petit pas de plus : Rien ne vous empêche de jouer aux côtés de votre enfant. Au contraire ! Ces temps d'action partagée sont certainement ce qui nourrit le plus profondément votre relation.

Comment faire ? Le plus simple est d'agir aux côtés de l'enfant. Respectez son espace vital : ne lui prenez rien des mains, surtout !, mais tendez-lui volontiers vos outils s'il le désire. Le mieux est de disposer des accessoires en double, et d'imiter l'enfant. Il prend le sable à pleine main ? Faites de même. Il tape avec la pelle sur son seau pour l'enfoncer dans la matière ? Vous aussi, sur le vôtre. L'imitation est un mode de communication à part entière pour les jeunes enfants. En tant qu'adulte, nous l'avons oublié, d'une part parce que nous disposons d'autres canaux, d'autre part parce que notre société blâme l'imitation ("Il fait pareil, il copie ! Alors, c'est qu'il n'a pas de personnalité !")... bien à tort, évidemment.

Septembre 2014

Exercice 3 : Observez votre enfant pendant qu'il joue avec ses cubes. En classe, on a tout intérêt à aménager un espace "cubes" permanent.

La première fois que l'enfant tente d'empiler quelques éléments, tout s'écroule. C'est une autre règle physique. D'ailleurs, toutes les tours de cubes s’effondrent, à un moment ou à un autre. C'est dans leur essence. Mais on peut essayer de monter la tour la plus haute possible. Quelles sont les stratégies de votre enfant ? Observez, décrivez au moment opportun. Pensez-vous que votre enfant aurait pu construire abstraitement le fait que les cubes tombent, s'il n'avait jamais manipulé de cubes ? Regardez-le : il teste cette règle, encore et encore - et au passage, il s'amuse, bien sûr : c'est excitant tous ces bruits et ces mouvements lorsque l'édifice bascule ! On rigole bien. Les moments de concentration alternent naturellement avec les moments de communication. Verbalisez : "Les cubes tombent ! Encore !!". Imitez en construisant une tour similaire. Avez-vous remarqué comme le fait d'imiter les gestes de votre enfant rend votre observation plus profonde - et vice-versa ? 😉

Un petit pas de plus : c'est un tout petit peu plus délicat, mais vous pouvez décider, en jouant aux côté de votre enfant, de déborder du cadre de la simple imitation. Vous pouvez décider de jouer pour vous-même aux côtés de votre enfant. Que savez-VOUS faire avec des cubes ? Éprouvez pour vous même le plaisir du jeu : c'est encore la manière la plus efficace d'envoyer à votre enfant un message positif sur l'activité et de nourrir, une fois de plus, votre relation. Sans vouloir foncer tête baissée dans les clichés, les Papas sont généralement très forts pour ça : là où les Mamans, pétrifiées d'admiration face aux travaux de leurs enfants, se contentent d'admirer, les Papas se mettent à 4 pattes sur le tapis et jouent avec les cubes, les Playmags, des Mécanos ou le train électrique. Avez-vous remarqué l'effet de telles séances sur votre enfant ? "Bénéfique" est un mot trop faible, n'est-ce pas ? 😉

On me dit : "Mais j'ai peur que mon enfant m'imite ! Moi je veux qu'il trouve sa voie, pas qu'il fasse comme moi !". Rassurez-vous : pour pouvoir "faire pareil", il faut en être capable. Si vous construisez un palais baroque avec les cubes de votre bambin, il ne va pas chercher à vous imiter, cela ne va certainement même pas l'intéresser (sauf au moment de tout casser !), et pour cause : il ne peut l'intégrer dans aucun de ses savoir-faire à lui. Aucune crainte à avoir, donc.

Mais il peut être intéressant - et c'est là que l'exercice se révèle un peu délicat, et présuppose que vous soyez entraîné à observer - de réaliser une construction que votre enfant ne peut peut-être pas encore réaliser seul, mais dans laquelle il peut s'investir s'il est dans la collaboration. C'est ce que Vygotsky (un de mes pédagogues chouchou) appelle "la zone proximale de développement". On fait alors non plus exactement la même chose que l'enfant, mais ce qui correspond au palier suivant. Par exemple, si votre enfant aligne ses cubes à plat bord à bord, vous observez qu'il est capable de soulever ses cubes et de les positionner avec précision. Tous les prérequis pour construire une tour sont donc là, mais visiblement, votre enfant n'y songe pas. Rien ne vous empêche de le faire, vous. Si votre enfant est prêt à intégrer ce nouveau savoir, votre proposition l'interpellera. Vous enrichissez (très légèrement !) le savoir-faire de votre enfant en vous appuyant sur ce qu'il sait déjà. Et si cela vous parait compliqué à lire comme ça, je vous assure que cela vient vite !

Juin 2015

Vous êtes à présent convaincus que votre enfant apprend par l'expérience concrète et le jeu, et cela n'est pas seulement une expérience livresque : vous l'avez observé et vécu. Voici à présent quelques idées simples pour déployer ce principe dans votre vie de tous les jours :

- Variez le matériel proposé. A la maison, instaurez une rotation des jouets et inscrivez-vous à une ludothèque de secteur. A l'école, il peut être bénéfique que toutes les classes mettent leur matériel en commun, et que chaque enseignant pioche dans cette réserve à chaque période.

- Remisez ce qui n’intéresse pas les enfants. N'hésitez pas à revendre ou à donner!

- Proposez une grande quantité de "camelote" (appelez-la "loose parts" si vous craignez de ne pas être pris au sérieux 😊). Assurez-vous toujours que les objets proposés ne présente aucun danger pour les enfants.

- Proposez peinture, papiers, colle, scotch, feutres, ciseaux, eau et autre matériaux "ouverts" (l'anglais dit joliment "open-ended", "illimités" !) en quantité. Prenez l'habitude de regarder le monde autrement, avec cette question en tête : avec quoi mes enfants/mes élèves aimeraient-ils travailler ?

- Acceptez le désordre. L'exploration n'est pas propre sur soi.

- Enrôlez les enfants dans le rangement et le ménage après l'activité. N'oubliez pas qu'ils apprennent en faisant ! Ranger et nettoyer sont d'excellentes occasions de trier, classifier, se concentrer, résoudre des problèmes, etc. L'activité pédagogique, c'est comme le yoga : la manière dont y rentre et celle dont on en sort compte autant que l'exercice lui-même. Les enfants aiment aider - bon, ça marche mieux à l'école qu'à la maison, ceci dit. Dotez cette activité de sens : ranger n'est pas une corvée, ce n'est pas une fin en soi, mais c'est une manière de préparer l'ambiance à ce qui va arriver après.

- Laissez les enfants jouer !! 😊

Prenez le temps d'intégrer ces principes à votre vie de famille : cela peut prendre plusieurs mois, le temps que vous trouviez votre organisation. Ensuite seulement, posez-vous la question des activités que vous souhaitez proposer... Vous pourrez alors lire cet article-là qui aborde ce point précis, mais à mon avis, à ce stade de votre cheminement, vous constaterez que cette question n'est plus un problème, et que vous savez faire. Et que vous savez que vous savez. 😉

J'espère de tout cœur que le présent article répondra à vos interrogations...

Dans le cas contraire, merci de me relancer dans les commentaires, plutôt que par mail... Mais vous l'aviez compris ! 😄

Les grains de sel de tous sont, comme d'habitude, très attendus ! 😊

22 commentaires:

  1. Haha, en lisant le titre de ton article et les premières lignes, je me disais que « par où commencer » se référait au fait que tu ne savais par quel bout prendre tout le courrier que tu recevais…
    Ce quiproquo une fois dépassé, merci beaucoup pour cette réflexion si claire.
    Merci en particulier de ton encouragement à interagir avec l’enfant, il est vrai qu’après deux-trois lectures montessoriennes on se sait parfois plus trop où se mettre !
    Personnellement je sais que j’hésite souvent, et pourtant, en te lisant me reviennent tant d’exemples de l’enthousiasme avec lequel F. a pu s’emparer de notre moindre geste pour le reprendre à son compte, le détourner, le pousser plus loin…

    Là où j’ai encore mes difficultés, c’est à concilier entre « la grande quantité de camelote » et la rotation des jouets / le fait de permettre à l’enfant d’approfondir et de se concentrer en limitant les propositions.
    Un éclairage sur le sujet ?

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    1. Coucou, Gwen !

      Je comptais faire un mini article sur la rotation des jouets aujourd'hui chez nous...

      Pour la gestion de la "camelote" (dont j'intégrerai peut-être la problématique dans l'article, du coup ?), c'est vrai qu'avoir un espace consacré (hé, tout un étage sous les comble, quand même !) aide considérablement... On y stocke tout, on vient y jouer, et on y puise des trucs à mettre au salon ou dans les chambres d'enfants pour une semaine ou deux... Mon mari l'appelle "la pièce à bazar", oh, nan mais oh, notre beau laboratelier, non mais j'vous jure...
      :-D

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    2. oooh le crime de lèse-atelier ! (je frémis et m'indigne avec toi)
      oui bon ça va je pleure d'envie sur ton étage-sous-les-combles, arrête-toi là par pitié !
      Il n'empêche que ne pouvant attendre l'apparition miraculeuse d'un tel étage dans mon appartement, te lire constitue une incitation supplémentaire à repenser mon système de rangement / aménagement espace de travail, etc.

      je vote donc pour le mini article et l'intégration de la problématique loose parts, et tels les vautours du Livre de la Jungle de Disney, je me perche et j'attends. Mais sans ricaner bêtement.

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  2. Merci pour cet article très complet et qui me permet de remettre un peu d'ordre dans tout ce qui se bouscule dans ma tête par rapport aux activités et la manière de les proposer. je me suis sentie un peu débordée aussi après avoir commencé à lire pas mal de choses sur ces pédagogies et j'essaye le plus possible d'observer ma fille et de l'accompagner dans ce qu'elle découvre et ce qu'elle aime. En ce moment (elle a 21 mois), c'est le dessin/peinture et la cuisine. Finalement, je trouve que c'est eux qui nous guident plus que l'inverse, mais je l'avais déjà compris en lisant votre blog !

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  3. J'aime beaucoup leur montrer des livres d'activités simples (le dernier en date "Mille choses à faire par tous les temps" de Fiona Danks) ou des photos de blog que je trouve inspirantes à mes enfants (enfin, surtout au plus grand de 5 ans) qui s'en nourrit, s'en inspire et monte des tas de projets derrière. Il n'y a plus qu'a faire la petite main, montrer comment utiliser les outils, suivre son raisonnement, l'étayer parfois (notamment si ses projets impliquent des réalisations trop complexes, des outils que nous n'avons pas... ).

    Pour les tout-petits, quand on dcouvre les pédagogies actives, c'est un raz de marée qui arrive. Beaucoup de stress car il faut surmonter la peur et s'angoisse "et si on rate la période sensible" et "s'il n'arrivait jamais à lire-écrire", pourquoi mon enfant fait moins bien que sur ce blog, etc. Une fois les angoisses passées (je parle pour mon cas !), c'est beaucoup plus simple. L'aménagement de la maison et du temps est souvent re-analysée pour suivre le développement des enfants. Et puis, il ne faut pas négliger les relations de la fratrie qui nourrissent beaucoup les enfants également, même si notre regard bienveillant reste essentiel.
    L'essentiel pour moi est de vivre des moments simples et heureux en famille . Et puis, (grâce à l'inspiration d'Elsa !), j'ai maintenant 32 élèves avec qui je peux aussi étancher ma soif de découverte des jeunes enfants et leur proposer de belles activités aussi !!

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    1. Je suis bien d'accord avec toi ! Il me semble aussi qu'on perd trop de temps à lire des ouvrages d'activitées soit disant Montessori (vive le marketing) ou de trop nombreux blogs qui peuvent vite nous donner l'illusion que c'est bien mieux chez les autres ... Je parle en connaissance de cause :)
      Finalement, la pédagogie active, on la pratique à longueur de temps,sans avoir beson de théoriser chacune des activités proposées à nos enfants.
      Bon, je vais aller un peu à contre courant, mais mon conseil à moi c'est : "Arrêtez de vous poser mille questions. Prenez le temps de vivre auprès et avec vos enfants ... et tout ira bien !"

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  4. Mille mercis Élisa !! Et en te lisant, je m'apperçois que... je pratique déjà une bonne partie de tes conseils. Je me juge trop sévèrement. Et tu as mis le doigt sur um point, la dévalorisation. Enfin, ce n'est pas le thème de ton article mais je fais un gros travail à ce sujet. Je te remercie pour ce rappel à l'ordre. :) Et je te remercie d'avoir consacré le peu de temps libre dont tu dispose. Là tout de suite, je te ferais bien un bisou.

    Gwladys

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  5. Merci une fois de plus pour ce bel article. Je constate de plus en plus qu'on se retrouve noyer dans de théories très alléchantes (éducatives ou alimentaires ou autres) qu'on aimerait faire tout parfaitement...ce qui est impossible...alors OUI à l'alimentation des différentes théories, idées piochées ça et là et ensuite un peu de recul et de naturel en fonction de notre environnement (nos enfants, notre maison, nous, les envies et le temps de chacun) et arrêtons de se prendre la tête pour essayer de savoir comment faire exactement...et ne pas être dans des extrêmes fabriqués. Oui aux idées montessori et autres, mais pas forcément que montessori ou autres ni tout le temps...mais si c'est naturel et dans ce que nos enfants (et nous) souhaitons vivre alors allons-y. Bon courage à tous les parents qui cherchent...(mais parfois faut pas trop chercher sinon on se perd, il faut savoir trouver aussi) et avoir confiance!

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  6. Merci beaucoup pour cet article, très enrichissant !
    J'aurais aimé le lire il y a quelques années... :)

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  7. Merci pour cet article qui remet un peu les bases en place et permet une auto-critique ;-)

    Faire avec l'enfant... Voilà ce qui me pose souci. Pas pour qu'il m'imite, ça je sais bien que c'est important. Le souci, c'est que j'ai l'impression de le parasiter par mon action.

    Exemple récurrent en ce moment, lorsqu'on se pose pour dessiner ou faire de la pâte à modeler, ou de la peinture, le plus souvent c'est : "Maman, fais !" Et lui de refuser de faire. Ce qui me fait avoir le réflexe de lui dire que s'il ne souhaite pas faire, bah, on remballe et on fait autre chose ! Mais il se fâche et insiste. Que faire ? Je finis par céder, parce que toute discussion est impossible. Mais personnellement, je ne vois pas l'intérêt ! Quand on dessine, je me retrouve à dessiner sur sa commande. Même si je lui demande de faire avec moi, refus. Ça me questionne beaucoup, moi qui ai toujours eu horreur que l'ATSEM fasse à la place des élèves, je me retrouve être l'exécutant. On dit qu'une activité ne rate jamais si on se place dans la vision de Reggio, mais là, je nourris de gros doutes quand à ce que cela apporte à mon fils. Résultat, je n'ose plus dessiner avec lui parce que cela va irrémédiablement se traduire par un enfant qui me houspille parce que le dessin qu'il me demande ne va pas, que c'est pas comme ci, comme ça. Et moi de me braquer et de dire qu'il n'a que le faire lui-même.
    Cherchant un moyen de remédier à ce souci, j'ai acquis les formes à dessin. Après lui avoir montré le cercle (rapport avec le thème des planètes qu'il affectionne en ce moment), il consent à faire lui-même. Il suit la forme. Puis, au moment de remplir, il s'arrête.
    "Maman, tu colories !"
    Je l'encourage à le faire lui-même, que c'est fait pour.
    "Mais moi, je ne sais faire que des spirales !"
    C'est son argument pour le moment, même si certaines de ses productions spontanées sont composées de lignes et de points, ce que je n'oublie pas de souligner.

    Après, on peut dire que je n'ai qu'a laisser tomber le dessin, mais c'est lui qui en fait de lui-même, avant de réclamer que je fasse. Pareil pour les constructions, souvent, il commence, s'énerve parce que ça ne tient pas comme il veut (quitte à défier les lois de la physique) et donc, je me retrouve encore exécutante de ses directives. Et ça m'embête un peu.
    J'aimerais qu'il soit actif.

    Quels apprentissages fait-il de ces situations, à part, ce qui me vient à l'esprit, de manière spontanée : maman sait faire et pas moi ? Je suis tellement préoccupée par cela que je n'arrive pas ça me décentrer pour y réfléchir.

    Peut-être que ma réaction dépasse le cadre de l'article qui est sur le fait de se lancer, mais je pense que j'ai dû faire quelque chose qui ne va pas à un moment pour que nos activités se passent presque toujours ainsi. Même si c'est une chose qu'il initie de lui-même. Bon, après, il y a des moments de "grâce", ou il mène quelque chose de bout en bout seul, spontanément, mais c'est rare, j'ai commencer à prendre des notes au jour le jour pour trouver le "truc" qui fait que ça aille ces fois-là...

    En tout cas, basculer dans ces approches est un chemin long et qui demande de se poser énormément de questions, quitte à se faire des noeuds au cerveau. ;-)
    Ce que je pense avoir "réussi", c'est suivre ses centres d'intérêt pour nourrir ses apprentissages. Après, il y a le côté Reggian et des loose parts qui mérite que je me penche plus dessus, mais c'est l'acquisition et le rangement qui me posent souci en ce moment, c'est en cours de réflexion. J'ai acquis le livre Loose Part récemment, on va creuser le sujet. :-)

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    1. Je crois que dans ce cas, c'est de la confiance en soi et l'estime de l'enfant dont il s'agit. Quel âge a-il ? Vers 4-5 ans, les enfants ont généralement une confiance en eux presque délirante. Pour certaines raisons, certains enfants doutent d'eux, et ce n'est pas grave ! En étant attentif, on peut aisément aider les enfants à avoir une meilleure estime d'eux. Par exemple, le reprendre dès qu'il dit quelque chose de négatif sur lui : "je ne sais faire que les spirales" -> "oh moi je me souviens de tel dessin où tu as fais des ronds, des lignes etc" et pourquoi pas lui sortir des dessins de lui, les détailler ensemble pour le valoriser. Aussi, saisir chaque occasion de la féliciter : "tu es allé te brosser les dents dès la première fois que je t'ai demandé, c'est très bien" etc. Dans une journée, il y a plein d'occasions de valoriser, remercier un enfant. Parfois, pris par la routine on ne fait que "râler " sur ce qui ne va pas en oubliant ce qui va bien. Je conseillerai aussi de laisser un mois ou deux toutes activités structurées à la maison et de ne faire que du jeu libre guidé par l'enfant (minimum 15 minutes seul à seul avec maman et idem avec papa / jour). Cette simple règle des 15 minutes fait des merveilles. En googlant vous trouverez plein d'autres idées et pistes pour booster la confiance en lui de votre fils :-)

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    2. Oh, mon aînée faisait ça, aussi : il fallait que je dessine pour elle ! Elle m'apportait avec autorité carnet et crayon, et il fallait que je dessine sur commande. Dans mon souvenir, elle avait entre 2 et 3 ans.
      Je ne sais pas si c'était un manque d'estime de soit ou un excès de perfection ; 2 traits de caractère qu'elle a toujours à 5 ans. Moi je voulais surtout qu'elle ait du plaisir à dessiner, détacher le processus du résultat : je n'attendais, et je n'attends toujours aucun résultat. C'est le cas à l'école, la pression est déjà trop forte à mon goût (d'ailleurs, ça l'a met en échec pour l'apprentissage de l'écriture cursive... :( ).
      Bref, je me souviens que ça m'embêtait beaucoup, alors voilà ce que je faisais :
      - quand on jouait à la maman et que j'étais le bébé (comme toujours), j'allais chercher d'autorité carnet et crayon et je lui donnais des ordres pour dessiner ! :D Des choses simples, bien sur : un nuage d'orage (= des gribouillons, une grosse colère = défoulement sur la feuille !, etc). J'en gardais quelques-uns pour lui en parler après : "oh, pleins de points, ça me fait penser à la pluie / la varicelle..."
      - je lui montrais également plein de tableaux différentes : d'accord, il y a Renoir. Mais aussi Pollock ! Et Salvador Dali, fabuleux... Et des illustrations en tout genre (je me souviens qu'elle aimait bien les Shadocks !)
      - quand on regardait une oeuvre abstraite, de peintre ou faite par elle-même, je commençais par décrire de façon simple ce que je voyais : une courbe ici, un trait là, les couleurs etc. Et après, vive l'imaginaire : je m'amusais à inventer des personnages, des situations avec ce que je voyais. Comme les tableaux était imprimés sur papier de brouillon le plus souvent, pas de pitié : hop, je rajoute des yeux et 2 jambes à n'importe qu'elle forme et tout le monde voit un bonhomme !
      - quand elle me demandait dessiner une voiture, je faisait donc une patate avec deux ronds en haut = mais oui, c'est la voiture de madame mouche ! Et là (gros gribouilli) : c'est le siège pour son bébé, tu vois ?!! Bref, je partais régulièrement en délire complet !

      Je ne sais plus combien de temps cette période à durer, mais elle eut bien sûr une fin, comme toutes les périodes (rassurant, non ?). Et si au début ça m'avait questionner, finalement, nous nous sommes bien amusées !
      Aujourd'hui, elle bloque encore souvent (excès de perfectionnisme ou manque d'estime de soi ? Un peu des 2 ?), mais elle dessine avec plaisir. Et j'utilise toujours les mêmes astuces...

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    3. Merci pour vos réponses.

      Anonyme, mon fils a 34 mois. Peut-être manque-t-il de confiance en lui, malgré toute l'attention que je peux porter au fait de lui donner confiance en lui. Je n'ai moi-même pas une très grande confiance en mes capacités et je m'efforce de ne pas éduquer mon enfant dans une mentalité qui vise à se dévaloriser (enfin, le). Cependant, à la réflexion, il est possible que le papa entache cette approche en faisant souvent à sa place. Mon mari a moins confiance dans les capacités d'un enfant de cet âge que moi. Il ne veut pas qu'il monte sur sa chaise seul, l'assiste tout le temps, même pour qu'il se serve un verre d'eau (alors que fiston est tout à fait capable de le faire seul).
      Suivant vos conseils, j'ai repris ses dessins dès qu'il a ressorti sa tirade sur les spirales. Il a eu un sourire et avait l'air d'accord. Il a même dessiné seul et a commenté "regarde, j'ai fait des points. Des grandes lignes !" A continuer donc. Je fais moins d'activités structures en ce moment, parce que ça finit en eau de boudin, il s'énerve car n'arrive pas à ce qu'il veut (la pâte à modeler fait des bosses, ça ne se modèle pas comme il veut, les boudins que je fais quand je l'aide ne sont pas assez réguliers à son goût, résultat, ça finit dans un mouvement d'humeur où il flanque tout par terre :/) Jeu libre, on en fait souvent, car je suis à la maison. Par contre, 15 min pour le papa/jour, ça n'est pas trop faisable...

      Oops : "avec autorité", j'ai la même chose ici. Même âge. Serait-ce donc lié ? Je trouve que fiston est perfectionniste aussi dans le sens où il faut vraiment, mais vraiment que ça aille comme il veut. Ce matin, il voulait relier deux trains ensemble avec du masking tape. Mais il voulait "carré comme les trams". Impossible de savoir ce qu'il voulait, j'ai tenté de l'aider, mais ça n'allait pas, je ne faisais pas bien, ça a finit en hurlement de sa part et en perte de sang froid pour moi qui suis allée me réfugier dans la salle de bain pour éviter les tirs de train dans la figure :-/ et surtout garder mon calme.
      Moi aussi, j'aimerais qu'il ait du plaisir, je n'ai que pour objectif que le plaisir de faire, la découverte, pas de résultat souhaité, peu importe à cet âge !
      Merci pour les pistes afin de désamorcer le problème. Bon, on ne joue pas encore à la maman (au papa). Pour les tableaux, j'alterne Van Gogh et Kandinsky, etc... En ce moment, c'est Mondrian et Botticelli au dessus du coin dessin... Je devrais peut-être faire tourner plus souvent...
      -décrire me paraît quand même orienter son regard à lui avec ma façon de voir à moi. Cependant, rajouter par dessus une impression brouillon, pourquoi pas, à essayer !
      -partir en délire complet, pourquoi pas ? Avec mon terre-à-terre de fiston, impitoyable quand il s'agit de trains, je me demande ce que ça va donner.

      Je pense aussi que ça va passer, mais c'est assez pesant, surtout quand c'est dès le matin. Ca annonce souvent des journées difficiles. Mais je cherche, je cherche un bon équilibre, je vais finir par y arriver ;-)

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    4. Bonjour Mélanie,
      Pas la peine de chercher de coupable. Nos enfants ont leur propre combinaison de gènes, leur propres personnalité, leurs talents et difficultés, des phases à traverser. Le perfectionnisme et le manque de confiance en soi vont en effet souvent de paire.
      Un article intéressant : http://papapositive.fr/mon-enfant-manque-de-confiance-en-lui-les-conseils-de-stephane-clerget/

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    5. Mon fils était comme cela aussi "maman fait!" et cela me gênait beaucoup également ! J'ai fini par lâcher prise. Et je fais :) Si c'est un dessin, je lui propose juste que nous fassions simultanément notre dessin, chacun sur notre feuille. Il commençait à essayer de reproduire ce que je faisais puis partait dans son dessin à lui en me disant très souvent "regarde maman c'est pas comme ça mais comme ça" :) Parfois on fait un coloriage ensemble. Je m'applique à être la plus lente possible, en général il finit par me prendre le feutre des mains :) Pareil pour les constructions. Je dis Ok mais ensemble. et je lui pose des questions : "comment pourrait-on faire cela?" Des fois il me dit "cette fois c'est que toi maman, moi je t'aide pas". Je dis Ok aussi, et je m'applique encore à être la plus lente possible pour qu'il ait envie de m'aider :) Parrallèlement j'essaie de le soutenir dans ses propres idées pour lui donner un peu confiance en lui. Je me rends compte juste qu'il était très sensible à mes attentes...
      Merci pour ton témoignage, ça fait quand même du bien de lire des témoignages qui reflètent ce que l'on vit !

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  8. Merci Elsa pour ce billet : une bonne piqûre de rappel des basiques, ça fait toujours du bien ! :)

    J'avoue que l'arrivée de notre dernière a un peu mis à mal notre organisation : j'ai remisé une bonne partie des camelotes à l'arrivée de ma dernière. Pour les constructions, c'est très sport : évidemment, à 13 mois, elle adore détruire, ce qui met en rage ses grandes sœurs ! Perles, colles, ciseaux : autant d'objets qui étaient à disposition, et qui sont de nouveau difficile d'accès. C'est que nous n'avons qu'une chambre pour les 3, et la pièce de vie comme cuisine + salon + salle de jeu + laboratelier... Hum, pas facile de tout concilier !
    Bon, on fait autre chose, tant pis...

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  9. Merci pour cet article très enrichissant ! Il nourrit mes questionnements du moment (notamment sur les petits rien que j'aimerai mettre à disposition plus facilement). L'approche du jeux avec l'enfant me parle aussi beaucoup, j'avoue que je n'osais pas forcement faire avec eux, enfin tout n'était pas spontané. Une bonne piqûre de rappel "la clés est l'observation". Et je n'avais jamais pensé à la zone proximale de développement d'adulte à enfant, mais c'est vrai que nous pouvons le faire ! Je pensais que c'était quelque chose qui était plutôt réservée d'enfant à enfant. Merci !

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  10. oh! je découvre votre blog, vraiment génial! merci merci pour ce billet!

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  11. Je regrette de m'être tellement retenue d'intervenir alors que mon fils était tellement en demande :( Mais je me rattrape (grâce à toi) et c'est tellement agréable ! et cela fonctionne tellement mieux !

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  12. Merci beaucoup pour cet article, et votre blog en général, passionnant. Je ne cesse de me demander comment vous faites pour trouver le temps de faire tant de choses avec vos enfants : le week-end?

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    1. C'est un peu tout le temps, dès que l'occasion se présente. en rentrant de l'école, j'essaie de partager 30 minutes avec eux, par exemple. Ce soir (pluvieux), on a tracé des routes en alignant des petites cailloux sur le plancher du salon et les enfants ont joué avec leurs voitures et leurs figurines là dedans pendant 1 heure...
      Ça compte avec une activité ? ;-)

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